nuit. Plus aucun réverbère n'éclairait le village quand j'étais sorti , et je m'étais rendu dans le port. Peu de temps auparavant, cette nuit-là, je m'étais longuement attardé à la fenêtre de ma chambre à respirer l'odeur mouillée de la nuit et à écouter le murmure de la mer, tout près, qui m'avait apporté comme un soulagement des sens et de l'esprit, mais quand je m'étais couché ensuite, je n'étais pas parvenu à m'endormir et j'avais de nouveau ressasser sans fin dans mon esprit les causes de cette réticence initiale que j'avais éprouvée le premier jour à aller voir les Biaggi. J'étais res- sorti prendre l'air finalement, ne parvenant pas à m'endormir, et je m'étais rendu dans le port, j'avais marché sur la jetée. Je portais un manteau sombre, je me souviens, et je marchais lentement devant moi dans la nuit, peut-être était-ce cette image de moi que Biaggi avait surprise cette nuit-là, marchant ainsi au loin les mains dans les poches sur le muret de pierres légèrement en hauteur de la jetée, silhouette en manteau sombre qui marchait lentement dans le port sous le même clair de lune toutes les nuits identique, toujours le même exactement, avec les mêmes nuages noirs qui glissaient dans le ciel, ou peut-être ne m'avait-il aperçu plus tard, quand j'étais descendu au bord du quai et que, penché au-dessus du cadavre du chat, la lumière du phare venait éclairer mon visage par intermittence avant de le faire disparaître aussitôt dans la nuit ?