Transcription de LRT_03_01_00351 Jean-Philippe Toussaint Transcripteur Clara Imbert Gestionnaire brigittefc

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
III, 351

Il n'était pas très tard quand je rentrai à l'hôtel, dix heures et demie tout au plus, et la porte principale de l'hôtel était encore ouverte, je remarquai même de la lumière sous la porte de la chambre des patrons quand je passai dans le couloir. Je remontai dans ma chambre, et je me déshabillai sans bruit dans le noir, déposai mon manteau dans la pénombre sur le dossier d'une chaise et j'enlevai ma cravate. Mon fils ne m'avait pas entendu rentrer, qui dormait tranquillement dans son lit de voyage, et je m'approchai lentementde la fenêtre et j'écartai le rideau de la main. J'étais là debout à la fenêtre de ma chambre, et je regardais la route qui s'éloignait dans la nuit vers la maison des Biaggi, et je songeais que s'il y avait eu un téléphone dans la chambre, j'aurais pu composer le numéro de téléphone des Biaggi maintenant. La sonnerie aurait retenti là-bas dans le salon désert de la villa, et, après quelques secondes, le répondeur se serait sans doute  déclanchémis en marcheet j'aurais entendu la voix de Biaggi, toute proche et familière. Vous êtes bien au quatre-vingt quinze, trente et un, trente-quatre, quarante-trois. NOus sommes absents pour le moment. VOus pouvez nous lasisser un — et j'aurais raccroché, je n'aurais pas laissé de message.