Transcription de LRT_05_01_00072 Jean-Philippe Toussaint Transcripteur JeanneM Gestionnaire brigittefc

Transcription effectuée sur la plateforme TACT : http://tact.demarre-shs.fr/ État de la fiche sur TACT : Transcription terminée

Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
V ① 72

remontait légèrement sur ses mollets, les chaussures et les chaussettes déjà complètement imbibées d'eau. Il avait une cravate autour du cou, déchirée, et sa tête était couchée sur le côté, une joue bleuie légèrement enfoncée dans l'eau. La cravate n'était pas nouée autour de son cou comme un noeud habituel de cravate, mais flottait librement autour de ses épaules, comme une écharpe, et des traces rouges apparaissaient à la base de son cou, de faibles mais indiscutables traces de strangulation, de sorte que Biaggi avait dû être étranglé avec cette cravate selon toute vraisemblance, Biaggi avait été étranglé une de ces nuits dernières sur la jetée du port avec cette cravate par quelqu'un qui l' avait dû le rejoindtre sur la jetée pendant la nuit, quelqu'un qui s'était approché de lui par derrière sous le même clair de lune toutes les nuits identique, toujours le même exactement, avec les mêmes nuages noirs qui glissaient dans le ciel, et qui lui avait passé sa cravate autour du cou, sa propre cravate qu'il n'avait pas enlevée et qui était toujours nouée au col de sa chemise, et qui avait commencé à serrer alors, tandis que les mains de Biaggi s'accrochaient à ses poignets pour le faire lâcher prise, mais qu'quiil n'avait pas lâché prise, qu'quiil avait continué de serrer dans la nuit fugitivement traversée par le phare de l'île de Sasuelo, le long faisceau lumineux du phare de l'île de Sasuelo qui éclairait par inter- mittence le visage de l'agresseur tandis qu'il continuait à serrer de plus en plus fort, au point de s'étrangler un peu lui-même puisque la cravate était toujours nouée au col de sa chemise, mais qu' ?? qui il avait tenu bon et qui qu'il .avait continué de serrer de toutes ses forces, jusqu'au moment où, presque simultanément, la cravate avait cédé, ne laissant plus qu'un moignon d'étoffe déchirée au col de la chemise de l'agressur, et que Biaggi avait lâché prise, tombant sur le quai avec autour du cou ce qui restait de ma cravate.

— ↑ Un coup de pied suffisait pour faire basculer le corps dans le port.

.