Transcription de LRT_06_02_00064 Jean-Philippe Toussaint Transcripteur morshan

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint

J'étais tout seul dans la maison apparemment, et je me tenais là deboutà la fenêtre de la chambre à coucher des Biaggi. Il n'y avait pas un bruit dans le parc, Le parc étendu devant moi qui s'étendait dans la nuit et, de temps à autre, j'apercevais le long faisceau lumineux du phare de l'île de Sasuelo qui passait fugitivement surgissait brusquement derrière les frondaisons des arbres, qui semblait venir de nulle part et disparaissait aussitôt dans la nuit. Les grilles d'entrée de la propriété étaient faiblement éclairées par la lune au bout de l'allée de graviers, et je songeais que Biaggi - car Biaggi devait savoir que je me trouvais dans la maison en ce moment maintenant matin - n'allaitplus tarder à rentrer maintenant à présent, que la vieille Mercedes grise allait sans doutes'arrêter devant la grille d'un moment à l'autre, le moteur encore ronronnantet les deux phares allumés qui éclaireraient obliquement les pierres irrégulièresdu mur d'enceinte de la propriété. Je serais toujours debout à la fenêtre de la de la chambrechambre à coucher, et je verrais Biaggi descendre de la voiture dans l'obscuritépour aller ouvrir les deux battants de la grille. Je ne bougerais pas, et Je ne bougeais pas, et je le verraisje le verrais remonter remonter de la propriété dans la voiture au volant de la voiture, et, lorsque la voiture va démarrer en-trerait dans le parc, Biaggi découvrirait alors soudain devant lui dans lanuit ma silhouette en manteau sombre et en cravate debout à la fenêtre desa chambre.

J'étais redescendu au rez-de-chaussée de la villa, et je m'étais assisun instant dans le salon sans enlever mon manteau. Les vitres étaient trèssombres en face de moi, derrière lesquelles le rideau métallique était baisséqui ne laissait pénétrer aucune lumière dans la pièce, et je devinais lescontours silencieux des meubles dans l'obscurité, le canapé et les autresfauteuils, les rayons de la bibliothèque tout au long des murs remplis de livres et le téléphonequi reposait sur un petit meuble en bois près de la porte. J'étais tout seuldans la villa des Biaggi, et ne bougeais pas, prêtant l'oreille au moindrebruit qui se faisait entendre au dehors, aux nombreux craquements nocturnesqu'il me semblait percevoir dans le parc, quand j'aperçus deux petits pointslumineux au fond de la pièce qui brillaient dans le noir, un point rougeet un point vert qui luisaient dans la pénombre sur la tablette inférieuredu meuble de téléphone. Je me levai pour m'approcher du meuble et je me rendis