Transcription de LRT_06_02_00068 Jean-Philippe Toussaint Transcripteur ElisaFraUGA Gestionnaire brigittefc

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
VI, ②, 68

la nuit. Vous êtes bien au quatre-vingt quinze, trente et un, trente-quatre,quarante-trois. Nous sommes absents pour le moment. Vous pouvez nous laisserun message après le — et j'aurais raccroché, je n'aurais pas laissé de message.

 

Il était un peu plus de huit heures et demie lorsque je me rendis dansle port le lendemain matin. Le ciel était très gris à l'horizon quand j'arrivaisur la jetée au-dessus du village, et quelque longs nuages noirs immobiles flottaient dans l'air à l'horizonau-dessus de l'île de Sasuelo. Le phare était éteint depuis quelques heures maintenant, et je regardais sa silhouette allongée qui se détachait dans labrume en me demandant si quelqu'un s'était rendu dans sur l'île de Sasuelo un deces derniers jours. Car, même s'il n'y avait plus de gardien qui vivait en per- qui vivait sur l'île en permanence dans sur l'îlemanence sur dans l'île en permanence depuis que les instruments du phare avaient été automatisés,il fallait bien que des visites d'entretien soient effectuées de temps à autre.Il fallait donc bien que quelqu'un chargé de la maintenance du phare se rendedans sur l'île de façon régulière. Mais, ce dont je n'arrivais pas à me faire uneidée en réalité, c'était le rythme avec lequel ces visites pouvaient êtreeffectuées, était-ce tous les mois, ou bien une fois par semaine, ou bienencore tous les deux ou trois jours ? Car, si c'était aussi régulier, me disais-je, il était certain que quelqu'un avait dû se rendre dans surl'île un de ces deux derniers jours. Et je me mis à imaginer alors que, ce matin,quelqu'un avait pu guetter ma sortie de l'hôtel quand je m'étais rendu dans le villagele port, quelqu'un qui se trouvait peut-être  encore dans le village maintenant et quiétait en train de m'observer.

Je m'étais assis sur une borne de pierre au bout de la jetée, et je regardais la place du village qui s'étendait de l'autre côté du port. Iln'y avait personne sur la place, et le vent soufflait de façon continue au