Transcription de LRT_05_01_00012 Jean-Philippe Toussaint Transcripteur ElisaFraUGA Gestionnaire brigittefc

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
V ① 12

la maison apparemment, et je me tenais là debout à la fenêtre à regarder  de la chambre à coucher des Biaggi à regarder dehors le parc. il n'y avait pas un bruit dans la propriété le parc, et, de temps à autre, le long faisceau lumineux du phare de l'île de Sasuelo surgissait brusquement dans la nuit, qui semblait venir de nulle part et disparaissait aussitôt des arbres. en replongeantde nouveau la maisonle parc dans le silence et l'obscuritéet le silence Les grilles d'entrée de la propriété étaient très faiblement éclairées par la  lune au bout de l'allée de graviers, et je songeais que Biaggi — car Biaggi devait savoir que je me trouvais  dans la maison en ce moment — n'allait plus tarder  à rentrer maintenant, que la vieille Mercedes grise allait s'arrêter devant la grille d'un moment à l'autre, le moteur encore ronronnant et les deux  phares allumés qui éclaireraient obliquement les pierres irrégulières du  mur d'enceinte de la propriété. Je serais là debout à la fenêtre de la chambre  à coucher, et je verrais Biaggi descendre de la voiture dans l'obscurité dans l'obscurité  pour aller ouvrir les deux battants de la grille. Je ne bougerais pas, et  je le verrais remonter au volant de la voiture, et, lorsque la voiture en- trerait lentement dans le parc, Biaggi découvrirait alors soudain devant  lui dans la nuit ma silhouette en manteau sombre et en cravate debout à la fenêtre de sa chambre.

J'étais redenscendu, et je m'étais assis un instant dans  l'obscurité sans enlever mon manteau. Les vitres du salon étaient très sombres en face de moi, derrière lesquelles le rideau métallique était  baissé qui ne laissait pénétrer aucune lumière dans la pièce, et je devinais les contours silencieux des meubles dans l'obscurité, le canapé et les autres fauteuils, les rayons de la bibliothèque remplis de livres et le téléphone qui reposait sur un petit meuble en bois près de la porte. J'étais tout seul dans la villa des Biaggi, et je ne bougeais pas, prêtant l'oreille  au moindre bruit qui se faisait entendre dans le parc dehors, aux nombreux craque- ments ??? qu'il me semblait percevoir dans la nuit le parc, quand j'aperçus deux petits points lumineux au fond de la pièce qui brillaient dans le noir, un point rouge et un point vert qui luisaient dans la pénombre sur la tablette inférieure du meuble du téléphone. Je me levai pour m'approcher du meuble et je me rendis