Transcription de LRT_04_01_00089 Jean-Philippe Toussaint Transcripteur Julie Coulier Gestionnaire brigittefc

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
IV 89

et bientôt c'est une autre image  que j'avais déjà vue qui se substitua à celle du chat, l'image du visage de Biaggi qui me regardait fixement, puis l'image du corps tout entier de Biaggi, le corps de Biaggi  puis, insensiblement,  puis  c'est tout le corps de Biaggi que je vis m'apparut, visage de Biaggi se substitua l'image du corps tout entier  le corps de Biaggi qui flottait sur le dos dans le port.   l'image de Biaggi se superposa à celle du chat, Biaggi couché sur le dos dans les eaux noires du port, qui flottait, immobile, et les bras écartés, vêtu d'un anorak et d'un pantalon en toile bleu qui remontait légèrement sur ses mollets, les chaussures et les chaussettes déjà complè- tement imbibées d'eau. Il avait une cravate autour du cou, déchirée, et sa tête était couchée sur le côté, ses lèvres étaient bleutées. La cravate n'était pas nouée autour de son son cou comme un noeud habituel de cravate, mais flottait librement autour de ses épaules, comme une écharpe presque, et des traces rouges de strangulation  de faibles mais indubitables traces apparaissaient à la base de son cou, de sorte que la seule explication possible était que quelqu'un avait dû s'était servi sans doute de cette cravate pour étrangler Biaggi, avec cette cravate une nuit qu'il se trouvait sur la jetée du port  une nuit sur la jetée du port, quelqu'un qui, cette nuit-là, avait dû avait rejoint Biaggi sur la jetée et qui s'était s'approcher é de luiBiaggi lui par derrière comme il se trouvait sur la jetée du port  sous le même clair de lune toutes les nuits identique, toujours le même exactement, avec les mêmes nuages noirs qui glissaient dans le ciel, et qui et qui pour lui avait avaitpassé ???sa cravate autour du cou, sa propre cravate toujours nouée au col de sa chemise, et qu'il avait commencé à serrer alors, tandis que les mains de Biaggi s'accrochaient à ses poignets pour le faire lâcher prise, mais qu'il n'avait pas lâché prise, qu'il avait continué de serrer dans la nuit noire fugitivement traversée par le faisceau du phare de l'île de Sasuelo, le long faisceau lumineux du phare de l'île de Sasuelo qui éclairait par intermittence son  le visage de l'agresseur tandis qu'il serrait de plus en plus fort, au point de s'étrangler un peu lui-même puisque la cravate était toujours nouée à son cou, etmais qu'il avait tenu bon,  serrant toujours plus fort,et qu'il avait continué de serrer de toutes ses forces, jusqu'au moment où, presque simultanément, le a tissu de   la cravate avait cédé, qui avait fini par se déchirer sous la pression qui s'exerçait sur lui   le tissu ne laissant plus qu'un moignon de noeud déchiré au co u de la chemise de l'agresseur, et que Biaggi avait lâché prise, tombant sur le quai avec pendant autour du cou ce qui restait de ma cravate . Un coup de pied suffisait pour faire basculer le corps dans le port.