Transcription de amarteel_31_AF58_22_MDS00096 Transcripteur FF

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Laboratoire Litt&Arts

Texte transcrit

Au stade de la dévouée secrétaire, aucun problème : on lui laisse cesigne extérieur de féminité (comme pour concierge ou standardiste). Maissitôt quelle devient Secrétaire d'État, on l'affuble de l'article au masculin.Mme LE Secrétaire d'État, pour bien montrer qu'elle usurpe une fonction quin'était pas prévue pour elle. De même on sera la doyenne, si l'on estcentenaire, mais à l'université, il faudra dire Mme LE Doyen.

Un dernier exemple, plus démonstratif encore : une femme peut sedésigner comme Directrice, si c'est d'une école Maternelle, mais si elle est au CNRS, on devra dire Mme LE Directeur !

Cette obstination à refuser les féminins, même les plus évidents (telsque factrice, avocate ou historienne) n'est pas le fait du hasard. Elle témoigne de l'importance de ce pouvoir culturel où s'enracine et se perpétue le pouvoir tout court des hommes sur les femmes.

C'est pour lutter contre ce blocaqe qu'en 1984, Yvette Roudy, Ministredes Droits des Femmes dans le gouvernement de Laurent Fabius, Fr.François Mitterrand lapremière de notre histoire, créait une Commission de terminologie pour la féminisation des noms de métiers.

Si l'on mesure l'importance d'un projet à la violence des réactions qu'ilsuscite, il est clair que cette Commission, que j'ai présidée pendant les 2ans de son activité, s'attaquait à quelque chose de fondamental, de viscéralmême. Elle a été considérée dans les médias comme un véritable acte deterrorisme verbal. Comment les femmes osaient-elles toucher à ce trésorqu'est la langue française comme à quelque chose qui leur appartenait àelles aussi ?

-16-Benoîte GROULT