Transcription de MIREILLE_31_AF57_04_MDS00039 Transcripteur FF

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Laboratoire Litt&Arts

Texte transcrit

-3-présence en elle de la "féminitude", un "truc" indéfinissable,analogue à la "juivitude".

A travers l'antisémitisme distingué qui a longtempsrégné en France, Jean-Paul Sartre a parfaitement décrit cetteattitude, que l'on croit bénigne, et qu'il appelle "la misogynie(ou l'antisémitisme) de salon." On voudrait les faire passer pour un jeu de l'esprit, un badinage sans conséquence. Mais il fautle répéter, il n'existe pas de misogynie charmante ou innocente,pas plus que d'antisémitisme ou de racisme sans danger.

Quant à l'antiféminisme, c'est une machine de guerred'autant peut-être plus efficace redoutable que la mysogynie parce qu'elle secache derrière une sublimation de la "vraie femme" et une défensede la famille, face aux EXCES des femmes émancipées et autres lesbiennes. Le mot "excès" va devenir le maître-mot pour contrerles féministes, alors que justement les mouvements de femmes onttoujours choisi d'être non-violents.

Le mot ANTIFEMINISME ne figure d'ailleurs dans aucundictionnaire, ancien ou récent, alors que l'anticommunisme oul'anticléricalisme sont d'usage courant. Les mots sont toujoursdes révélateurs; en l'absence de toute référence universitaire 1ou historique, en l'absence "d'un mot pour le dire", comme écri-vait Marie Cardinal, l'antiféminisme parvient à passer inaperçu.Pourtant il est partout à l'oeuvre et n'hésite pas à user dela violence ou de la pire grossièreté sexiste, quand il se sentmenacé, par exemple dans le lieu le plus symbolique de son pou-voir : la politique.

Dans un pays si fier de sa galanterie - qui n'est autreen fait que la face aimable du sexisme - toute femme en vuecourt aujourd'hui, comme hier, le risque d'être traitée de "pute".Traiter publiquement un Arabe de "sale bougnoule" est un délit,réprimé par la loi antiraciste; mais traiter une femme de "sale pute" n'est qu'une opinion ! Ce qui montre bien la nécessitéd'une loi antisexiste. J'en donnerai quelques exemples montrant illustrantclairement que de fait la virulence des insultes à connotation sexuelle s'ac-croit à mesure que les f.femmes pénètrent avec la menace que représente l'entrée des femmes dans lessphères, jusqu'ici bien gardées du pouvoir : qu'il soit économiqueou politique.

- C'est Edith Cresson qui se fait traiter en séance publique à l'Assemblée Nationale de "courtisane élue par le bon plaisir du roi". On la surnomme la Pompadour, du jour où le Président Mit-terrand la nomme Première Ministre. Ce poste suprême constituait était unetransgression inacceptable de la part d'une femme et c'est pourquoi Mme Cresson1 Histoire de l'antiféminisme. ChriChristine. Bard - Fayard