Transcription de LRT_06_01_00080 Jean-Philippe Toussaint Gestionnaire brigittefc

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
VI, ①, 80

J'apprends par Victor que les Biaggi rentrent à Sasuelo demain, dimanche, jour de mon départ.

Faire les valises.

Dimanche 4 novembre, fin d'après-midi, un taxi pour l'aéroport, je quitte Sasuelo, un avion dans la soirée pour rentrer à Paris.

En attendant le taxi  près de la réception dans la réception, je feuillette le registre.

Comme si aucune trace n'existait n'avait jamais existé de mon séjour de mon passage à à Sasuelo

Comme si je n'avais jamais séjourné à l'hôtel.

Je fais appeler un taxi pour me conduire à l'aéroport. Il pleuvait sur la route.

Passer devant la grille de la propriété des Biaggi en quittant le village.

Sur la route, il me semble croiser la 4 L blanche voiture (la marque) des Biaggi.

Leur image fugitive dans la voiture.

C'était Hélène, sa femme, qui conduisait. Lui se trouvait à côté, description de son pull-over.

Mais ce n'était peut-être pas eux.

La dernière fois que j'avais vu Biaggi.

il y a  ??? deux mois, en  début septembre,

La dernière fois que j'avais vu Hélène, je me souviens, c'était à Paris, il y a un peu plus d'un mois. douze jours exactementune quinzaine de jours. Depuis, je ne l'avais plus revue, Nous nous étions ratés un soir peu avant mon départ dans une brasserie où elle m'avait donné rendez-vous, ou plutôt je n'avais pas pu me résoudre à franchir les quelques mètres qui me séparaient d'elle, car j'étais arrivé très en avance dans la brasserie ce soir-là et lorsqu'elle arriva elle-même, je ne bougeai pas, je ne sais pas pourquoi, je demeurai assis sur la banquette que j'occupais dans le fond de la salle. Elle jeta un coup d'oeil alentour sans me voir et alla prendre place à une table près de la baie vitrée. Elle était vêtue d'un chemisier blanc et d'une jupe verte ample et légère, ses lèvres et ses yeux étaient légèrement maquillés et il y avait quelque chose de radieux et de simple dans son visage qui me touchait. Elle m'attendait sans impatience, comme si elle n'attendait personne en réalité, sortit un livre de son sac et commença à lire. Je ne la quittais pratiquement pas des yeux, apercevant son reflet de profil dans le miroir qui me faisait face, et j'éprouvais le sentiment d'être idéalement présent à ses côtés, beaucoup plus présent peut-être que si j'avais été réellement à côté d'elle, car je me serais alors sans doute aussitôt réfugié dans une sorte d'absence intouchable et protectrice. D'une certaine manière, pourtant, cela ne m'aurait pas déplu qu'elle m'eût soudain aperçu à l'improviste dans la salle et qu'elle