Transcription de LRT_02_01_00300 Jean-Philippe Toussaint Transcripteur Christophe Meurée Gestionnaire brigittefc Relecteur anonymous-user-9

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
II, 300

et ne se réveillait jamais avant sept heures du matin depuis que nous étions à Sasuelo

Il faisait nuit dehors et je m'attardai dans la salle à manger de l'hôtel à prendre le café après le dîner ce soir-là. J'étais seul dans la pièce, et je voyais le patron s'activer derrière la porte entrouverte de l'office. MLa table où j'étais assis se trouvait au fond de la pièce et jouxtait une grande baie vitrée, derrière laquelle j'apercevais une terrasse déserte qui s'étendait dans l'obscurité, avec çà et là des ombres très sombres de troncs de tamaris. Mon fils dormait à l'étage, qui et je n'étais pas inquiet de le laisser seul, sachant très bien qu'il savaisfaisait sdes nuits complètes maintenant. et ne s'était jamais réveillé avant sept heures du matin depuis notre arrivée à Sasuelo. J'avais sorti de ma poche les quatre lettres que j'avais prises la veille dans la boîte aux lettres des Biaggi et je les avais posées sur la table, les regardant pensivement en tournant ma cuillère dans la tasse de café. Je me demandais ce qu'il fallait en faire car, si je n'avais eu aucun scrupule à les prendre, pensant même un instant pouvoir les remettre en mains propres aux Biaggi, je ne parvenais pas à me résoudre à les ouvrir maintenant, pas plus qu'à les détruire d'ailleurs — tout du moins détruire celle dans laquelle était annoncée mon arrivée à Sasuelo. Car je ne voulais plus, maintenant, que l'on sache que je me trouvais à Sasuelo.