Transcription de LRT_02_01_00443 Jean-Philippe Toussaint Transcripteur anguyen Relecteur DU Jiayi

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
II, 443

presque immobile et les yeux fixés sur le volet, je m'approchai d'une des jarres de terre cuite dont la silhouette se profilait dans l'ombre, et je passai la main à l'intérieur pour chercher à tâtons les clefs de la maison, me souvenant très bien que c'était là que les Biaggi les laissaient chaque fois qu'ils s'absentaient. Je les trouvai sous une pierre, emballées dans un petit sachet en plastique transparent, et je longeai la façade en les sortant du sachet, gardant un oeil sur le volet du premier étage. J'avais décidé d'entrer dans la maison - et la peur de me trouver face à face avec Biaggi n'était pas moindre que celle que j'éprouvais maintenant,en ce moment sachant qu'il était peut-être toujours en train m'observer. Le trousseau, que retenait un petit porte-clefs triangulaire, était composé de deux clefs, celle du garage et celle de la maison, et, m'arrêtant devant la porte silen- cieuse du garage, j'introduisis la plus petite des clefs dans la serrure, doucement, et je pénétrai sans bruit dans la maison par le garage.

Les murs étaient très sombres dans le garage, qui se détachaient à peine de l'obscurité, et une voiture était garée là dans le noir, une Renault rouge qui appartenait à Hélène Biaggi, me semblait-il, tandis que, le long des murs, divers objets étaient entreposés dans l'ombre, des bidons d'huile et d'essence, des cannes à pêche, deux rames en bois couchées sur le sol. Je passai à côté de la voiture et ouvris la petite porte métallique du fond, basse et que suivaient deux marches, pour entrer dans une pièce tout aussi sombre, une sorte de cellier où, à côté d'une grande étagère remplie de produits d'entretien et de boîte de conserve, se dessinaient les contours d'un casier à bouteilles presque vide. A mesure que je progressais dans la maison, presque pas à pas et prenant appui contre les murs pour me guider dans le noir, l'obscurité devenait plus dense encore, et les tous ces les volets fermés me paraissaient très noirs vus ainsi de l'intérieur de la villa à travers les vitres des grandes fenêtres du rez-de-chaussée. Je passai dans le vestibule et, hésitant un instant, je m'immobilisai au pied de