Transcription de LRT_02_01_00492 Jean-Philippe Toussaint Relecteur Romain Perrot

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
II, 492

dérouler la chaîne en toute hâte, que je laissai pendre en l'état contre la grille, et passai la porte sans bruit pour entrer dans la propriété. La voiture ralentit à l'approche de la maison, et je m'accroupis dans l'ombre, le télégramme à la main, ne bougeai plus. J'entendais le bruit du moteur qui approchait et, au bout d'un moment, deux phares jaunes surgirent dans la nuit qui m'éclairèrent un instant, tandis que la voiture, une Volkswagen de couleur claire, longea la grille sans s'arrêter. Ebloui par les phares, je n'eus pas le temps de distinguer qui conduisait la voiture, et je restai encore un instant accroupi dans la pénombre, écoutant le bruit de la Volkswagen qui xxxxx au loin s'éloignait maintenant et qui, me semblait-il, — mais je ne pouvais en être sûr — prenait la direction du port.

Il n'y avait aucun bruit dans le jardin de la propriété, et la villa des Biaggi se dressait dans la nuit parmi les arbres. Je m'étais approché de la terrase, et je regardais le parasol renversé par la terre, dont la tige centrale était enchâssée dans le lourd socle de béton. Je me demandais comment le vent aurait pu le le faire tomber le parasol ce parasol alors que rien d'autre ne semblait avoir bougé aux alentourssur la terrasse, ni les jarres de terre cuite qui s'élevaient de chaque côté de la baie vitrée, ni les meubles de jardin disposés un peu plus loin dans la pénombre. Des feuilles mortes jonchaient le sol un peu partout devant la villa, et de vieux mégots délavés par la pluie reposaient çà et là dans les graviers de l'allée aux abords de la terrasse , aux alentours de la terrasse. Je levai la tête un instant pour regarder la façade de la maison, et je remarquai qu'un des volets du premier étage n'était pas tout à fait fermé, qui laissait un mince entrebâillement ouvert entre la fenêtre et le mur, le crochet de sécurité du volet étant défait qui pendait dans le vide contre le mur. Et Biaggi se trouvait là dissimulé dans l'ombre, peut-êtreme semblait-il, qui observait tous mes déplacements depuis la fenêtre du premier étage.

J'entrai dans la maison des Biaggi en passant par le garage, où il faisait extrêmenent sombre car je n'avais pas voulu allumer la lumière. J'avais longuement hésité avant de me décider à pénétrer dans la maison entrer — car la