Transcription de LRT_02_01_00554 Jean-Philippe Toussaint Transcripteur Wellington

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
II, 554

trouvait là maintenant, à quelques mètres de moi, immobile dans la nuit derrière le tronc d'un arbre de la terrasse. Biaggi, ce quelqu'un, c'était Biaggi.

Il n'y avait pas un bruit sur la terrasse, et des ombres allongées s'étendaient sur les dalles irrégulières du sol, des ombres de branches et de feuilles, que le vent faisait bouger lentement. J'avançai dans la nuit en direction des arbres, j'avançais droit devant moi. Mes chaussures ne faisaient aucun bruit sur le sol, et je descendis les quelques marches qui conduisaient à la partie inférieure de la terrasse, où quelques tamaris très sombres se dressaient dans l'obscurité. Je m'étais arrêté à moins d'un mètre d'un arbre, et je ne bougeais plus, je regardais un muret de pierres en construction qui s'élevait un peu plus loin dans la pénombre   en bordure d'un par-terre de fleurs dont la terre avait été retournée de fraîche date. Un petit tas de briques luisait là sous un rayon de lune, et quelques outils de maçon avaient été abandonnés sur le sol à côté de deux sacs de ciment vides. Je me dirigeai lentement vers le muret et me penchai sur le sol pour ramasser une truelle dans un vieux seau en fer, avant de revenir sur mes pas, aperçevant la salle à manger de l'hôtel qui se devinait dans la pénombre derrière les parois de la baie vitrée. Je m'accroupis au pied de la baie vitrée et, me retournant encore une fois sur la terrasse déserte que la lune éclairait faiblement, je commençai à essayer d'introduire la lame de la truelle dans l'interstice qui séparait la vitre de la rainure d'appui pour tâcher de débloquer la porte.