Les plus optimistes pronostiquent qu'il faudraencore une à deux générations pour faire disparaîtrecette coutume. Je suis plus pessimiste, compte tenu despesanteurs politques et religieuses. Mais l'idée qu'unlivre comme Ainsi soit-elle ait pu contribuer si peu quece soit à la prise de conscience de la gravité de ce pro-blème est une source de bonheur pour le restant de mesjours. Une autre source de bonheur est le fait que desféministes soient à l'origine de cette libération. Lespetites filles et les femmes qui sont ou seront délivréesde cette malédiction ne le devront qu'à l'action obstinéeet solidaire de femmes d'Europe et d'Amérique qui ontpu enquêter sur place, avoir accès à l'intimité des Afri-caines - ce qui était interdit aux hommes -, et qui ontconvainvu l'OMS qu'il s'agissait d'un problème de santéfondamental et non d'un gadget sexuel. Les femmesmutilées ne pouvaient rien faire sans nous, étant inter-dites de parole et privées de tout pouvoir. Elles étaientdu reste convaincues que, dans tous les pays, lesfemmes devaient subir cette "rectification sexuelle1".