Transcription de 31AF19_001_03_018 Transcripteur Rougesan

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Laboratoire Litt&Arts

Texte transcrit

10 Chapitre ENFIN FEMINISTE

<Par ailleurs, Je suis pour les actions volontaristes,  les coups de pouce et éventuellement ... les coups de pied au cul s'il le faut quand la situation est bloquée.>L  la preuve est faite que la politesse, la patience et les suppliques n'aboutissent à rien. Rappelez-vous : les choses s'étaient passées exactement de la même façon pour notre droit de vote, plébiscité régulièrement par les députés de 1915 à 1939, et non moins régulièrement rejeté par les sénateurs. ans de revendications polies et résultat : Zéro !

Pourtant, dès avril 1914, suite à un référendum pour tester l'opinion des femmes, dont on prétendait déjà qu'elles ne s'intéressaient pas à la politique, cinq cent cinq mille neuf cents femmes avaient répondu qu'elles souhaitaient le droit de vote, contre cent quatorze, qui n'en voulaient pas. Et cela, malgré un sévère rappel à l'ordre du pape saint Pie X dès 1906, qui appelait la hiérarchie catholique à s'opposer au suffrage féminin. Nous avons encore un imam redoutable à Rome !

L'histoire se répète quand il s'agit de maintenir le deuxième sexe en tutelle. Souvenez-vous que le droit de vote pour les femmes ne figurait même pas au programme du Conseil national de la Résistance, contraiement à ce que pensent beaucoup de gens. Les hommes de la Résistance espéraient renvoyer les femmes à la maison après la victoire exactement comme les hommes politiques l'avaient fait en 1918. Sans le général de Gaulle en 1945 une Lucie Aubrac n'aurait pas eu le droit de voter ! C'est pour éviter que ne reprenne cette farce parlementaire que le général de Gaulle octroiera le droit de vote aux femmes, en 1945, par ordonnance; une procédure exceptionnelle qui évite le débat. <Ne pourrait-on pas imaginer que l'actuel président de la République s'engage dans ce sens et engage avec lui les partis ? Car la même farce est en train de se rejouer à la Chambre, avec les mêmes moyens dilatoires> En 1982 , dans une splendide unanimité, sur proposition de Gisèle Halimi, alors députée, nos élus avaient voté un texte précisant que les listes de candidats ne pouvaient comporter plus de soixante-quinze pour cent de personnes du même sexe. Monique Pelletier avait d'ailleurs déjà proposé un projet semblable

lors de la précédente législature. Ce nouvel amendement fut torpillé par une poignée de députés qui obtinrent que le Conseil constitutionnel s'autosaisisse de la question et déclare la mesure contraire au principe d'égalité, et donc anticonstitutionnelle 1. Est-il utile de préciser que ce Conseil était exclusivement  masculin, d'une moyenne d'âge de soixante-quinze ans et présidé par un conservateur avéré, M. Roger Frey ? Il y a des gens moins égaux que d'autres, comme disait Pierre Dac ! Et les Françaises ne sont pas vraiment rancunières. C'est pourquoi je refuse de me laisser émouvoir par ceux qui nous parlent d'universalisme avec les larmes dans la voix. L'universalisme de 1789 était tout ce qu'il y a de plus particulariste et communautariste. Quand l'universalisme produit une exclusion, il faut trouver un correctif et ce correctif, il existe : c'est celui que les pays scandinaves ont mis en oeuvre et qui a fait d'eux les démocraties les plus égalitaires au monde.1 voir le brillant récit de Gisèle Halimi dans " Une courte Embellie. (94)