Transcription de LRT_05_02_00096 Jean-Philippe Toussaint Transcripteur ZHANG Yuxian Gestionnaire brigittefc

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
V ② 96

toutes trois très convenables et ayant été jeunes, souriantes et amies,qui se prenaient familièrement l'avant-bras par-dessus la table dans untintement de bracelets et se faisaient expliquer le menu par le patronqu'elles semblaient connaître de longue date et qu'elles appelaient parson prénom, appelant Georges non seulement le patron d'ailleurs, maisaussi l'homme de la voiture, qui, impassible sur sa chaise derrière seslunettes à verres teintés, intervenait parfois dans la conversation pourréfuter avec constance toute les suggestions qui pouvaient lui être faitessur le choix de l'entrée. Il était vêtu d'un élégant costume gris ?????? avec un gilet assorti qui lui compressait un peu l'abdomen,un pouce négligemment enfoncé sous le vêtement pour alléger la pressiondu tissu, et il mâchouillait un cigare en étudiant la carte d'un regard terriblement las.????????????  Curieusement, alors que le patron attendait toujours à côté de lui qu'il se décide à faire sonchoix, il reposa la carte sur la table et se pencha malicieusement sur lecôté pour effectuer un bref pianotement des doigts à l'adresse de mon fils.Encouragés par son exemple et ne voulant sans doute pas être en reste, lepatron et les trois dames se tournèrent eux aussi vers notre table et semirent à nous adresser des petits bonjours à distance, auxquels, un peu pris de court et la bouche pleine, je répondis par un sourire poli et légèrementmal à l'aise, tandis que mon fils, assez imperturbable à l'égard des deuxGeorges, même assez froid et distant ???, commença à faire du charmeaux trois dames avec un culot qui me scia de la part d'un aussi petitroupignoulet.

J'avais été me promener sur le port après le déjeuner, et je m'attardaiquelques instants sur les quais en attendant le retour du taxi qui ne devaitvenir me reprendre à Santagralo que vers trois heures et demie. Je m'étaisassis sur une borne d'acier au bout de la jetée, et je demeurais assis là lesjambes croisées à côté de la poussette de mon fils à regarder un pêcheurqui préparait des palangres debout dans le fond de son bateau. Un poulpe