Transcription de 31AF19_001_04_01_001 Transcripteur Lou.Guitet

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Laboratoire Litt&Arts

Texte transcrit

26<subst>Chapitre VII </subst><subst>Cher PAUL</subst>

<universitaires, d'autant que je n'osais pas employer leur langage, trop souvent hermétique.>

<Sans doute, à mon insu, restait-il un peu de l'Henriette des Femmes savantes en moi : "les doctes entretiens ne sont point mon affaire !". Je ne parvenais pas à m'émanciper de tous ces clichés. Je me sentais un peu "une voleuse de langue" comme dit Claudine Hermann. Et puis je restais écrasée par ce vaste mépris qui a irrigué la littérature française de Rousseau à Barbey d'Aurevilly, de Baudelaire à Montherlant, pour ne citer qu'eux. Paul était jugé ou critiqué en tant qu'individu avec ses défauts et ses qualités, je me sentais toujours tributaire de mes organes génitaux dont il convenait d'avoir honte, on me le rappelait sans cesse. Pascal Jardin par exemple, dans le magasine érotico-chic, Lui, écrivait en évoquant Kate Millet, Annie Leclerc, Marie Cardinal et quelques autres dont j'étais : "Toutes ces sinistres descendantes de Simone de Beauvoir ne sont qu'une lugubre cohorte de suffragettes mal baisées, mal fagotées, dévoreuses d'hommes aux incisives terrifiantes, brandissant moralement des clitoris monstrueux...Elles ne sont que des ovariennes cauchemardesques ou des syndicalistes de la ménopause.">

<Tous les phantasmes des névrosés sont réunis: le vagin denté, le clitoris hypertrophié et la vieille femme qui devient forcément une sorcière ! Deuxième exemple, Maurice Clavel dans le Nouvel Observateur, me traitait de "malbaisée" ! Comme si la baise conditionnait le talent féminin ! Ca fait mal et ça fait honte quand ça vient d'auteurs que l'on estime tant, comme Clavel et qui écrivent dans les journaux que lisent vos amis politiques. On ne se remet jamais tout à fait de ce type d'attaquese coup bas, même si on les trouve grotesques deshonorants. >

<C'est sans doute dans l'espoir d'acquérir un peu plus de légitimité que j'ai voulu écrire un essai-pamphlet sur les femmes. Les articles dispersés sont frustants, à la longue. Ils disparaissent comme des feuilles mortes. Un livre reste demeure et témoigne.>