Chapitre VII
CHER PAUL
ouvrages que j'allais découvrir "le secret le mieux gardé du monde", et un scandale majeur.
On estime (chiffres du GAMS (12) cités par le Nouvel Observateur en 1992 et par l'Express en 1996) que de femmes vivent aujourd'hui avec un sexe mutilé dans une trentaine de pays. En France même, vingt-cinq mille petites filles d'immigrés africains ont été excisées ou sont en passe de l'être. Pourtant, en 1985, après beaucoup d'hésitations, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait enfin clairement pris parti contre l'excision et l'infibulation, "catastrophiques pour la santé, la fécondité et la dignité de l'être humain". Nombre de pays les ont déclarées illégales 2. Mais les traditions, l'analphabétisme et maintenant l'intégrisme freinent l'application des directives officielles.
En fait,si j'ai voulu aborder ce problème, c'est parce que le monde des femmes, en Afrique et dans les pays arabes,c'était, c'est encore le monde du silence. On trouvait bien de-ci de-là quelques reportages de journalistes ou "explorateurs" sur ce qu'ils qualifiaient de "pittoresque coutume". Mais la souffrance, l'asservissement physique et moral que représente cette pratique étaient toujours passés sous silence.
Je me souviens d'avoir lu à l'époque, dans une luxueuse revue d'Air France, la description d'une de ces "cérémonies d'initiation" en Haute-Volta, (qui ne s'appelait pas encore le Burkina Faso), affirmant sérieusement que l'opération avait pour but de "parfaire la féminité des adolescentes". En somme, on accroîtrait la féminité en rasant un organe spécifiquement féminin ! Suivait un article où le même journaliste s'indignait du scandale des chiens abandonnés chaque été en France. Et personne ne s'interrogeait sur le scandale des enfants mutilés en France sur les
1 Groupe pour l'Abolition des Mutilations Sexuelles, fondé par Awa Thiam
2 Thomas Sankara a été le premier au Burkina-Faso