Paul vivait avec élégance et de mon côté, je suis volontiers aveugle . C'est ainsi que j'ai atteint ans un jour sans presque m'en apercevoir et que l'écriture a commencé à surgir dans mon existence, peut-être à la manière d'un exutoire.

    Paul ne m'avait jamais trompée en somme puisqu'il ne me trompait pas sur lui-même. Il était du signe des Poissons, personnage double et c'est peu dire. Il était quintuple et même bien davantage et j'allais faire connaissance peu à peu de tous les Paul que j'avais épousés, du dilettante au diplomate, du responsable politique au poète, du navigateur du bout du monde au cuisinier inventif, de l'éditeur à l'édité, de mon amant à celui que j'ai toujours suspecté d'autres liaisons, de l'écrivain qui n'écrivait jamais une lettre, par prudence, disait-il.

      J'ai toujours fait bonne figure ayant su d'avance que ce serait acrobatique de vivre avec tant de personnages qui prétendaient tous s'appeler Paul Guimard! Mais il a été fidèle toute sa vie, sinon à moi, du moins à notre couple. C'était un homme fidèle àfidèle à  sa façon, fidèle aux choses de la vie : au whisky single mal, comme aux bons vins, à la cigarette, à à la pipe, comme au cigare, à l'océan Atlantique  comme au Pacifique, à tous les inconditionnels du grand large d'Eric Tabarly à Olivier de Kersauson de Fauconnier à Alain Colas.. Fidèle à des femmes très diverses et sachant hélas inspirer de vraies passions, me laissant au coeur une question lancinante: Quand, avec qui a-t-il été vraiment heureux? Sans doute, nn'était-il pas un hhomme heureux msmais un homme