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Texte transcrit
disparu. L'adolescence m'apparaissait en effet comme
un noviciat qui menait inéluctablement au mariage,
c'est-à-dire à la condition féminine. Cette perspective
me donnait des boutons. Et comme je ne voyais pas
d'échappatoire, malgré les les
lotions soufrées, j'ai réussi à conserver mon acné deux
ans, relayée par l'herpès qui fleurissait mes lèvres
chaque fois que j'étais invitée au bal ou en soirée.
Un jour, pourtant, malgré toutes mes manoeuvres
dilatoires, il a fallu que je me résigne à mon sort de
femelle et à accepter les conditions du marché.
La première était d'avoir un joli "minois". C'étaitcela qu'ILS appréciaient, disait-on. Moi, j'avais une
Ensuite, il était bon de ne pas faire d'études troppoussées. Ça enlaidissait les filles (les filles seulement),et on était traitée de bas-bleu.
Enfin, il était souhaitable de ne pas avoir d'idéesdérangeantes, voire pas d'idées du tout, surtout poli-tiques. Car ILS laissaient tomber les bêcheuses et vousdeveniez très vite une vieille fille, pauvre chose qui nesuscitait que pitié ou sarcasmes. Il n'y avait pas d'alter-native. Je pouvais m'agiter dans mon bocal, c'étaient en définitive les mecs, et eux seuls, qui détenaient les clésde mon avenir. Chaque garçon s'est mis à m'apparaîtrecomme un destin.
Non que je me sois jugée nulle : j'avais même de
Ma médiocrité fut scellée le jour où Marc Allégret,
venu à la campagne chez des amis communs, me
repéra. À la campagne ou à la mer, je paraissais moins
1. "Des perles pour les cochons"