Transcription de 31AF19_001_07_02_017 Transcripteur Milka

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Laboratoire Litt&Arts

Texte transcrit

_17_Rosie Groultécoles catholiques, où l'on se gardait bien de nous laisser pousser des ailes.1eLa seule structure de notre religion aurait suffit à nous convaincre de notreinsignifiance. Pas de déesse de la fécondité et des moissons commeDéméter chez mes chers Grecs aux dieux multiples. Pas de trace de déesse-mère comme chez les Egyptiens, ni même de Kali hindoue, incarnation de lamort mais aussi de la vie. Nos dieux à nous n'étaient que des barbus.

Au pied de notre trinité masculine, on apercevait bien une formeprosternée, la Vierge Marie. Mais elle constituait, à la fois, par sa conceptionimmaculée et sa virginité, un double défi à la nature et donc un modèleimpraticable pour lés femmes. Le triste destin de cette Mater Dolorosa,écrasée d’humilité face à Dieu son beau-père et à son Divin Fils, était peu faitpour nous encourager sur les chemins de l'émancipation.

Nous avions bien quelques saintes, martyres le plus souvent, célébréespour avoir perdu leur seins ou leur tête, mais qui jamais n'avaient écrit lemoindre évangile, ni des épiîtres, ni même des prophéties comme la pythie deDelphes, ni le moindre texte fondateur.

Je crois que si j'ai perdu la foi vers ma vingtième année, c'est à cause decette absence tonitruante de femmes dans l'Eglise, à la fois dans le messageévangélique, dans la hiérarchie et dans la liturgie. La formule rituelleentendue chaque dimanche en chaire, « Mes bien chers frères », m'écartaitd'emblée du discours. Sans avoir su l’analyser en termes féministes, je mesentais déshonorée par cette exclusion. Un prêtre venait nous dire la messe

chaque matin à l'institut Sainte-Clotilde, mais il se faisait-accompagner parn