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Texte transcrit
« Si j'avais dû rompre avec la tradition, il m'aurait fallu un courage
héroïque, et je ne suis pas un héros ! » écrivait Virginia Woolf.
Je ne l’étais pas non plus, et je continuai donc à l e raître de livres qui
me détruisaient. En l'absence de télévision, c’est en effet la littérature passée
et présente qui fournissait aux jeunes gens les images, modèles et
phantasmes qui s’imposaient dans la société. Avec Malraux et Martin du
Gard, c’est Gide et Montherlant qui étaient mes maîtres à penser pendant la
guerre. Par passion pour les Nourritures terrestres, je me rendais à peine
compte que les héroïnes des romans d'André Gide étaient interdites de désir
Marceline, Alissa de la Porte étroite, Gertrude, la belle aveugle de la
Symphonie pastorale, qui se suicide quand elle retrouve la vue, Eveline de
l'Ecole des femmes, Ariane, toutes des vaincues, des victimes sacrifiées à
l'égoïsme masculin. Mais il y avait Nathanaël, qui me disait, sans s’apercevoir
que j'étais une fille : « Jouis... Regarde... Possède le monde ! »
Mais comment jouir quand on se reconnaît dans la pathétique Andrée
Hacquebaut de Montherlant ? L’Andrée des célèbres Jeunes filles, répanduea paillasson de Costals qu’elle aime, rampant devant lui quand il daigne
lui ouvrir... pour l'insulter et ne pas lui faire l'amour. Car elle a le « tort »
d'être intelligente.
naîtra jamais. Il le réserve, avec tout le mépris qui convient, à Solange
Dandillot, ravissante d'idiotie et de futilité, ce qui a le don de l’exciter