Transcription de 31AF19_001_11_07_014 Transcripteur Aviana

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Laboratoire Litt&Arts

Texte transcrit

14CHER PAUL

femmes ! Je me souviendrai toute ma vie de la vieille lessiveuse en zinc sur le coin du fourneau, où des couches étaient perpétuellement en train de bouillir... Et il n'existait pas non plus, mesdemoiselles, de "serviettes hygiéniques" jetables, encore moins de "tampons" qui auraient exigé, ô horreur, de se toucher down there !

Trois petites filles de moins de 7ans dans un appartement exigu, cela faisait beaucoup de bruit, joint à la présence d'un homme né en 1921, c'est-à-dire qui n'avait jamais été effleuré par l'idée qu'il pourrait "changer un bébé" ou même passer une éponge sur la toile cirée d'une cuisine après un repas. Je n'y pensais pas non plus : c'était tout simplement inimaginable et même d'une indécence...

J'ai pourtant eu l'inconscience de me mettre une deuxième maison sur le dos ! Je rêvais depuis mon enfance concamoise de m'enraciner tout à fait en Bretagne, où Paul aussi avait passé son enfance. Ses parents habitaient toujours à St Mars, la Jaille, en Loire "inférieure" comme on disait alors. Avec un emprunt, nous avons réussi à acheter deux chaumières en ruine dans un minuscule village près de Raguenès. Je me rappelle encore le prix : cinq mille francs avec trois ares et quatre-vingt centiares d'un petit jardin de curé. Pas d'eau courante, pas d'électricité. A part le chaume neuf, de la vraie paille de seigle, pas du roseau comme aujourd'hui, j'ai presque tout fait moi-même. Les poutres passées à l'huile de lin, le plafond au vernis à bateau, du V33 rouge sur le sol en ciment pour imiter les tomettes qui nous ne pouvions pas nous offrir ; les volets et les portes à peindre en bleu, la terrasse en pierres plates ramassées une à une au pied des murets des environs et rapportées en brouette, la nuit...

Chaque amélioration, chaque étape vers le confort - la première année où nous n'avons plus eu besoin de tirer l'eau du puits ; la première douche décla/enchée