Transcription de LRT_06_02_00047 Jean-Philippe Toussaint Gestionnaire brigittefc

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
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terrogeant sur l'orthographe de tel ou tel mot, doutant soudain de les avoir correctement orthographié, quand ce n'était pas le contenu même des lettres qui devenait l'objet de ce doute soudain, et, tandis que ma main avait encore le loisir de retenir les lettres, tandis que quelques centimètres seulement les séparaient de la fente de la boîte aux lettres et que toutes ces sensations diffuses se confondaient en moi, c'est à ce moment-là que je lâchais les lettres — et ma main poursuivit son mouvement, je lâchai les trois lettres dans la boîte aux lettres des Biaggi.

Au moment de rentrer à l'hôtel, j'escaladai la petite porte de garage grillagée qui donnait sur la terrasse et je contournai l'hôtel sans bruit, je longeai la façade jusqu'à la baie vitrée pour regarder à l'intérieur de la salle à manger, le corps dissimulé dans l'angle du mur. Le service du déjeuner était déjà commencé dans la pièce, et j'apercevais le patron qui allait et venait de son pas lourd entre les tables. Il ne pouvait pas m'aper- cevoir d'où je me trouvais, et je le suivais des yeux en me rendant compte que j'éprouvais maintenant une sorte d'appréhension à son égard, une crainte diffuse qui me faisait redouter d'avoir de nouveau à me trouver en sa présence. Comme je n'avais pas particulièrement faim, je décidai de ne pas déjeuner à midi et de profiter de ce que le patron était occupé par le service du déjeuner  [ et que la plupart des clients se trouvaient dans la salle à manger ]  pour visiter les deux chambres du deuxième étage de l'hôtel dans lesquelles je n'avais pas pu entrer ce matin. Car je voulais m'assurer maintenant que, comme je le pensais, Biaggi avait bien une chambre à l'hôtel.

Il n'y avait personne dans la réception quand j'y pénétrai, et je demeurai