Transcription de LRT_05_02_00133 Jean-Philippe Toussaint Gestionnaire brigittefc Gestionnaire annegf

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
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abandon. Il y avait des feuilles mortes un peu partout dans le parc, jaunes et encore sèches, recroquevillées dans l'herbe, ou rousses et mouillées, mordorées,  toutes flasques et molles d'eau qui flottaient à dans la surface d'une flaque dans de l'allée de graviers. C'était la première fois que je voyais ainsi la villa des Biaggi en plein jour depuis mon arrivée, en réalité, et l'image que la maison présentait d'elle maintenant était bien différente???de celle que je conservais d'elle d'un précédent séjour, ensoleillée, avec un ciel uniformément bleu et limpide que l'on apercevait entre les hautes branches des pins et des palmiers. L'herbe était sèche, rase, brûlée de soleil dans le parc, et de la musique classique coulait dans le jardin, doucement, qui s'échappait de la grande baie vitrée du rez-de-chaussée qui était laissée ouverte en permanence. Le salon donnait de plain-pied sur la terrasse, dont on apercevait au loin les profondeurs fraîches et ombrées, accueillantes, avec le profil des rayons de la biblio- thèque qui se dessinaient dans la pénombre à côté d'une table basse en verre entourée de quelques fauteuils en cuir, un parasol tout blanc ouvert sur la terrasse et les tâches de couleur des maillots de bain et des serviettes de plage qui séchaient au soleil sur le dossier des sièges.

La villa des Biaggi était silencieuse et fermée maintenant, qui s'éten- dait dans la brume derrière les grilles de la propriété, et je me tenais devant la porte, seul apparemment sur la route avec mon fils à côté de moi dans la sa poussette dont le petit anorak était bien fermé autour de sa poitrine. J'avais sorti de ma poche les trois lettres adressées aux Biaggi que j'avais l'intention de restituer ???, et, comme j'allais les glisser dans la boîte et m'en aller, ma main s'immobilisa et je ressentis ce léger frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment de devoir lâcher du courrier dans une boîte aux lettres, pendant cette seconde durant laquelle je relisais toujours entièrement le courrier que je venais d'écrire, me remémorant mentalement toutes les tournures de phrases que j'avais employées et m'interrogeant sur l'orthographe de tel et tel mot, doutant soudain de