Transcription de LRT_05_02_00134 Jean-Philippe Toussaint Gestionnaire brigittefc

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
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les avoir correctement orthographié, et puis un doute horrible s'emparant de moi au sujet de tel accord, quand ce n'était pas le contenu même des lettres  que je venais d'écrire qui devenait l'objet de ce doute soudain, et, tandis que ma main avait encore le loisir de retenir les lettres, tandis que quelques centi- mètres seulement les séparaient de la fente de la boîte aux lettres et que toutes ces sensations diffuses se confondaient en moi dans le même instant, c'est à ce moment-là que je lâchais les lettres — et ma main poursuivit son mouvement, je lâchai les trois lettres dans la boîte aux lettres des BiaggiJ'avais repris le chemin de l'hôtel, et je me sentais plus léger maintenant d'avoir rendu les lettres.  Je continuais de suivre la route qui longeait la falaise, et je m'apprêtais à rentrer dans le village quand j'aperçus au loin un chat noir juché sur les poubelles.

                                                          

Il n'y avait absolument personne sur la route, et je me trouvais encore au bord de la falaise, des rochers déserts s'étendaient en contrebas, sauvages et escarpés, sur lesquels des vagues venaient s'écraser  Le chat avait grimpé était monté  sur la cage grillagée de la décharge publique,et    il se tenait en équilibre sur l'arrondi d'un des barreaux, penché en avant au-dessus d'un sac-poubelle dont il était en train de sortir précautionneusement un  long squelette de poisson décharné, tout occupé par sa proie, capture, . Il ne m'avait m'entendis pas entendu  approcher , et, comme je m'arrêtais sans bruit à sa hauteur sur le bord de la routesur le bord de la route, il s'interrompit brusquement et releva la tête, qu'il maintint tout à fait immobile pour me regarder aussi. Moins de cinq mètres nous séparaient maintenant, et il ne bougeait pasje le regardais , prêt à bondir si je m'étais risqué à faire le moindre pas de plus dans sa direction. Il attendait sans doute que je m'éloigne pour continuer , et il ne bougeait pas, il continuait de me fixer intensémentregarder trèsattentivement de son regard absolument vert finement atomisé de jaune, et, ce qui me troublait le plus en ce moment en réalité, c'était que ce n'était pas la pre- , mière fois que je croisais ce regard. Que j'avais déjà croisé exactement ce même regard une nuit sur la jetée du port. Et que le patron de l'hôtel aussi avait dû croiser . ce regard la nuit dernière dans la salle à manger de l'hôtel, car c'était

que j'avais déjà es ??? croisé ce même regard