Transcription de LRT_05_01_00064 Jean-Philippe Toussaint Gestionnaire brigittefc

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
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que personne n'irait soupçonner sa présence dans la villa. Il disposait ainsi de deux endroits distincts qu' il pouvait utiliser en alternance dans le village, et je songeai alors qu'il avait certainement dû aller et venir ainsi constamment de chez lui à l'hôtel depuis mon arrivée, de sorte que, chaque fois qu'il n'était pas à l'hôtel, c'était sans doute chez lui qu'il devait se trouver.

Le timide rayon de soleil qui avait réussi à percer entre les nuages avait disparu maintenant, et le ciel était de nouveau bas et lourd, l'air était brumeux qui enveloppait la villa des Biaggi d'une épaisse grisaille humide. Tous les volets étaient fermés le long de la façade, et le jardin était désert, qui semblait à l'abandon. Il y avait des feuilles mortes un peu partout dans le parc, jaunes et encore sèches, recroquevillées dans l'herbe, ou rousses et mouillées, toutes flasques et molles d'eau qui flottaient dans une flaque de l'allée de graviers. C'était la première fois que je voyais la villa des Biaggi en plein jour depuis mon arrivée en réalité, et l'image que la maison présentait d'elle maintenant était bien différente de celle que je connaissais d'elle d'un précédent séjour, ensoleillée, avec un ciel uniformément bleu et limpide que l'on apercevait entre les hautes branches des pins et des palmiers. L'herbe était sèche, rase, brûlée de soleil dans le parc, et de la musique classique coulait danq le jardin, doucement, qui s'échappait de la grande baie vitrée du rez-de-chaussée qui était laissée ouverte en permanence. Le salon donnait de plain-pied sur la terrasse, dont on apercevait au loin les profondeurs ombrées, fraîches et accueillantes, avec le profil des rayons de la bibliothèque qui se devinait dans la pénombre à côté d'une table basse en verre entourée de quelques fauteuils en cuir, un parasol tout blanc ouvert sur la terrasse et les taches de couleur des maillots de bain et des serviettes de plage qui séchaient au soleil sur le dossier des sièges.

La villa des Biaggi était silencieuse et fermée maintenant, qui s'étendait dans la brume derrière les grilles de la propriété, et je me tenais devant la porte, seul apparemment sur la route avec mon fils à côté de moi dans