Transcription de LRT_04_01_00302 Jean-Philippe Toussaint Gestionnaire brigittefc

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Laboratoire Litt&Arts Brouillons de La Réticence Jean-Philippe Toussaint
IV 302

La maison des Biaggi s'étendait silencieusement derrière les grilles de la porte d'entrée. C'était une villa blanche, basse et allongée, ni grande ni petite, une construction récente assez conventionnelle. Tous les volets étaient fermés le long de la façade,, aussi bien à l'étage qu'au rez-de-chaussée, et quelques feuiklles mortes étaient collées sur les tomettes mouillées du sol de la terrasse. Il y en en avait des feuilles mortes un peu partout dans le jardin d'ailleurs, jaunes et encore sèches, ou rousses et mouillées, mordorées, toutes flasques et molles d'eau qui avaient échoué dans une flaque, et même un petit tas récemment constitué dans l'allée de graviers, avec un râteau couché par terre à côtéproximité. Les meubles de jardin restés dehors avaient pris la pluie, et le parasol était toujours làn qui gisait sur le sol. Le timide rayon de soleil qui avait percé un peu plus tôt dans la matinée avait été fini par être absorbé par les nuages, et le ciel était de nouveau gris et lourd, maintenant, le vent s'était levé. Je n'avais pas encore vue C'était la première fois que je voyais la maison des Biaggi en plein jour depuis mon arrivée en réalité, ayant toujours évité les parages de laeur maison chque fois que je quittais l'hôtel jusqu'à présent , et la seule image que je conservais d'elle en plein jour était d'un précédent séjourt, était une image très différentede celle que la maison présentait aujopurd'hui, c'était l' ?que ensoleillée, d'un précédent séjour avec un ciel uniformément bleu et limpoide que l'on apercevait entre les bran ches des pins et des palimiers. L'herbe était sèche dans le jardin, rousse, brûlée de soleil. La baie vitrée du rez-de-chassée était ouverte en permanence sur les profondeurs ombrées du salon où l'on devinait quelques fauteuils en cuir et une vieille lampe qui donnait de plein- pied sur la terrasse, et des maillots de bain et des serviettes de plage séchaient au soleil sur le dossier des sièges. Puis Je sortis de ma poche les trois lettres de ma poche adressées aux Biaggi ,et, comme j'allais les glisser dans la boîte accrochée à sur la grille d'entrée de la propriété, ma main s'immobilisa un instant et je ressentis ce léger frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment de lâcher du courrier dans une boîte aux lettres, quelle que soit la nature de la lettre que je venais d'écrire devais expédier d'ailleurs, fût-ce le simple mot que j'avais adressé aux Biaggi quelques jours avant mon arrivée, qui me faisait sur le champ toujours relire entièrement sur le champ ma lettre mentalement , me remémorant toutes les tournures de pharses que j'avais employées et vérifiant rapaidement

qui passait sur la maison et qui l'enveloppait de grisaille humide. Depuis mon arrivée, je ne l'avais encore vue en plein jour en réalité, ayant toujours évité les parages de la maison

et l'image qu'elle présentait maintenant était bien différente de celle que je connaissais d'elle d'un précédent séjour, ensoleillée,