Assises internationales du Roman, Douleurs de l'âme, douleurs du corps Benoîte GROULTVilla GILLET, Lyon
En découvrant le sujet du débat ce soir, je me suis tout d'abord dit qu'il ne me concernait pas directement. J'ai conscience, en effet, d'être né dans un milieu privilégié, dans une famille parisienne et bourgeoise, mais aussi artiste, puisque mon oncle était le couturier Paul POIRET (exposant au musé de New York) et mon père un décorateur connu des années 25-30. Ma mère, Nicole GROULT, était une des rares femmes de son milieu qui travaillait , puisqu'elle avait crée sa propre maison de Haute couture. Elle s'entoura toujours de nombreux artistes comme Picabia, Dufy, Derain, Segonac, et aussi d'écrivains comme Marcel JOUHANDEAU, Paul MORAND, H. P. ROCHE, Pierre BENOÎT et bien d'autres. Elle était, depuis 1913, l'amie intime de Marie LAURENCIN, qui devint ma marraine en 1920, et dont elle fut modèle pour de nombreux tableaux.
J'ai donc bénéficié d'une enfance aisée, en compagnie de ma jeune soeur, Flora ; j'ai pu faire des études -une license de Lettres à la Sorbonne- et commencer ma vie active comme professeur de Latin au Cours Bossuet à Paris, puis secrétaire de Jean MARIN à la Libération et journaliste à la Radiodiffusion.
Alors qu'est-ce qui m'autorise à participer à ce débat? Je dirais que c'est un constat violent, le fait d'être une femme dans une société qui les reléguait dans l'insignifiance culturelle, politique, civique, etc. A la fin de la guerre, en 1944, j'avais 24 ans mais je n'était toujours pas une citoyenne puisque je n'étais pas autorisée à voter. Nous étions les dernières en Europe (avant la Grèce et le Lichtenstein) à ne pas avoir le droit de vote! Mais la majorité des Françaises ne s'en souciaient pas.