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Tardive, parce qu'on a tendance à oublier qu'en France, les femmes n'ont obtenu le droit de vote qu'en 1944, sur Ordonnance du Général de Gaulle, et que nous avons été les avant-dernières d'Europe à bénéficier de ce droit ! J'étais largement majeure puisque j'avais 24 ans, j'étais professeur de Latin, mais je n'étais toujours pas une citoyenne Et le pire c'est que cette situation ne scandalisait personne : elle était considérée comme une loi naturelle. Il est vrai que nous sortions de 5 ans d'Occupation nazie et du règne du Maréchal Pétain dont la devise était : Travail, Famille, Patrie. Sous-entendu : le Travail pour les hommes, la Famille pour les femmes et la Patrie, occupée par les Allemands...

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Ce retard historique explique en partie l'absence de prise de conscience des Françaises alors qu'entre 1920 et 1935 pratiquement toutes les Européennes avaient obtenu le droit de vote (sauf la Grèce et le Lichtenstein), les Danoises en 1915 et même les femmes turques votaient, alors que leur société n'est pas un modèle d'égalité des sexes ! Mais je faisais partie de ces générations nées dans les années 20 et  30, de cette bourgeoisie traditionnelle, élevée dans nos Ecoles catholiques, non mixtes bien sûr jusqu'à la guerre de 39 ; et j'ai été le produit de cette éducation "une petite fille modèle" comme les a décrites la Comtesse de Ségur dans la  Bibliothèque Rose ; puis "une jeune fille rangée", comme se décrivait Simone de Beauvoir dans le 1er tome de ses Mémoires. Mais elle, elle a eu assez de force et de personnalité pour se... "déranger", si j'ose dire, dès ses 20 ans, alors que la grande majorité des jeunes filles, mes contemporaines, acceptaient leur sort, arrêtaient leurs études pour se marier et entraient dans une vie que refusent d'imaginer les adolescentes d'aujourd'hui, sans libertés, sans contraception, sans droit à l'avortement, sans indépendance financière et plus tard sans retraite, etc. etc.

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