des créateurs qui s'en inspirent aujourd'hui encore en musique, au théâtre, en littérature, en psychiatrie même (Freud a bâtira sa théorie de l'inconscient sur le complexe d'Œdipe).
Mais quelles images féminines trouve-t-on dans l'Antiquité sinon de touchantes héroïnes qui meurent à la fleur de l'âge, sacrifiées aux Dieux, à la Cité, à leur Père ? Citons Iphigénie, Antigone emmurée vive, Jocaste qui s'est pendue, Ariane abandonnée par Thésée après l'avoir sauvé du Minotaure, la Belle Hélène, personnage maudit dont la beauté fut la cause de la guerre de Troie où périrent Achille, Hector et "les meilleurs des Grecs", comme l'écrit Homère.
Et quelles images féminines trouve-t-on dans l'opéra, sinon de pathétiques héroïnes, qui meurent elles aussi à la fleur de l'âge, sacrifiées aux conventions sociales. Dans un passionnant essai intitulé "L'opéra ou la défaite des femmes", Catherine Clément souligne à quel point la plupart des grandes œuvres lyriques ont mis en scène le sort funeste des femmes. Médée, Lucie de Lammermoor, la Norma de Bellino, la Violetta de Verdi, la Traviata... au point qu'on a pu dire que la Callas par exemple, qui a interprété, et avec quel talent et quelle empathie, tous ces grands rôles, y a trouvé une sorte de préfiguration de son tragique destin.
Toutes ces analyses, toutes ces observations avaient été faites dans divers pays, par Stuart Mill, Mary Woolstonecraft au 17e, Fourier, Madame de Staël au 18e, puis Beauvoir ou Virginia Woolf, mais les femmes n'avaient pas su les entendre. Non seulement elles avaient été les grandes muettes de l'Histoire, mais elles avaient été depuis tant de siècles formatées à l'effacement et à la soumission qu'il fallait un véritable électrochoc pour
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