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chapitre VIII
ENFIN FEMINISTE
Josyane
Vous insistez de manière très juste sur le rapport
problématique des femmes à l'humour : " Depuis 1758, 
date de la création du premier périodique à l'usage des
dames, il ne s'est jamais créé un seul journal humoris-
tique féminin. Nous ne savons pas rire, nous ne savons
pas jouer, et personne ne nous y encourage." Croyez-
vous que cela ait changé ou que les femmes ont toujours
ce même embarras par rapport à l'humour ?
Benoîte
Il faut un certain degré de liberté pour pouvoir
rire, de soi et des autres... Ce seuil, il suffit que quel-
ques-unes l'aient franchi pour que le rire, l'humour,
mais aussi la rigolade ou le droit à la gaudriole, à une
certaine grossièreté - c'est important la grossièreté -
soient ouverts à toutes. Parmi ces quelques-unes, je
place en tête, bien sûr, Claire Bretecher. Elle a guéri
bien des femmes de ce terrible esprit de sérieux qu'elles
se croyaient obligées de cultiver. Ma reconnaissance va 
aussi à toutes les comédiennes de café-théâtre, des trois
Jeanne à Josiane Balasko ou à Charlotte de Turckheim, 
sans oublier Zouc, aux humoristes au féminin, de
Claude Sarraute à Isabelle Alonso. Les meilleures et les 
moins bonnes... On avait besoin de toutes pour ouvrir
la voie. Les misogynes professionnels continuent à 
débiter les horreurs traditionnelles (voir Angelo Rinaldi
contre Julia Kristeva, Jean-Edern Hallier contre vous-
même), les traitant de guenons, de corneilles... toute la 
ménagerie y passe. L'énorme différence, c'est que les
guenons ont changé et que leur humour désamorce ces
vieux discours, les rend inopérants. Je crois profondément
qu'il s'est produit une vague de fond qui ne peut 
plus refluer. Mais les femmes sont très mal
placées pour mener un combat efficace
quand "l'oppresseur" est en même temps
votre amant et le père de vos enfants et souvent le principal
pourvoyeur de fonds, l'émancipation devient 
forcément une entreprise complexe et à haut risque...
si bien que bon nombre de femmes préfèrent la sécurité,
même sous tutelle aux aléas de la liberté. Au
moins dans la vie privée, grâce à l'indépendance financière 
et à la contraception, les mamelles de notre liberté
les rapports de force ont été bouleversés dans le couple.
Les statistiques montrent que ce sont les femmes en majorité
qui demandent le divorce aujourd'hui. L'expression "homme
abandonné" a fait son apparition et les ménages dits 
monoparentaux sont des ménages de femmes, avec ou sans 
compagnon mais qui s'assument. C'est une immense 
nouveauté
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