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Chapitre VIII
ENFIN FEMINISTE

Josyane - Mais En fait si les femmes françaises décidaient qu’elles refusent d’être appelées Madame le ministre, elles obtiendraient gain de cause. C’est donc bien de leur propre passivité, de leur propre abstention qu’il s’agit, non ?


Benoîte - Certaines l’ont obtenu en effet. Par exemple, Yvette Roudy, Première ministre et députée-maire de Lisieux pour faire bon poids... Mais aux Droits des Femmes, elle n’empiétait pas sur le domaine masculin. C’était toléré. Ségolène Royal, la ministre de l’Environnement n’était pas une « vraie » ministre non plus, ni Frédérique Bredin à la Jeunesse et aux Sports... Elles n’avaient pas tout à fait l’autorité nécessaire pour ouvrir la brèche. En plus, deux de ces femmes étaient enceintes, ce qui n’a pas empêché d’annoncer à la radio sans rire : « Le ministre vient d’entrer en maternité », à propos de Ségolène Royal ! Je ne la connaissais pas mais je lui ai écrit à ce sujet. Je leur ai écrit à toutes, Panafieu, Ockrent, etc. en leur envoyant notre décret du Journal officiel prescrivant le féminin. Elles ne m’ont jamais répondu et je dois passer à leurs yeux pour une fameuse emmerdeuse doublée d’une emmerderesse... Là, je bénéficie de deux féminins de nom de fonction trouvés par Valéry Sacha Guitry, je crois.


Ségolène Royal est la seule qui m’ait répondu sur son papier à en-tête : la ministre de l’Environnement. Personne, parmi ses collègues ne savait lire apparemment ! Si une femme de grand prestige, comme Simone Veil avait choisi d’être désignée comme « la présidente du Parlement européen », là, ç’aurait été un choc décisif.


Josyane - Qu’en a pensé Simone Veil ?


Benoîte - J’étais allée la voir pour obtenir son appui, que je croyais acquis. Naïvement. Elle ne risquait pas, elle, de passer pour la femme du Président ! Mais elle m’a envoyée paître. « Cela n’a aucune importance et je ne me battrai pas là-dessus. Quant à vous qui vous revendiquez écrivaine, c’est laid, c’est un mot affreux. » Je lui avais répondu que la beauté ou la prétendue laideur d’un mot n’ont jamais été un critère. On doit dire écrivaine sur le modèle de souveraine ou de contemporaine, dont on ne se demande pas s’ils sont laids ou beaux. A ce compte-là, on aurait refusé « institutrice » ! C’est facile à prononcer surtout pour des enfants. Et alors ? L’important est que ce soit linguistiquement correct.


Josyane - Elle n’a pas été convaincue ?


Benoîte nullement- et à la fin des travaux de notre Commission, Bernard Pivot avait consacré une émission à La féminisation. Il avait invité avec moi Thérèse Moreau, cette linguiste suisse qui venait de publier un dictionnaire masculin-féminin à l’usage de l’administration suisse. On allait discuter entre personnes compétentes

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Cécile Libellune