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Chapitre VIII
ENFIN FEMINISTE
Benoîte

- Quelle loi ? C'est tout juste une "ordonnance" dans le Journal Officiel. Elle a été oubliée dans l'allégresse par le nouveau gouvernement de Chirac, qui ne se souciait pas du tout d'entamer une querelle sur le langage. On sait avec quelle passion les Français réagissent. Voir la réforme de l'orthographe ! Il aurait fallu que les ministères concernés (la Jeunesse et les Sports, l'Education nationale, etc.) fassent passer les mots d'ordre dans toutes les administrations chez les fonctionnaires, enfin, qu'ils assurent un suivi à notre travail comme cela s'est fait aux Etats-Unis, par exemple. Je ne parle On dit aujourd'hui chairperson au lieu de cherman et ainsi de suite et je ne parle pas du Québec pas du Québec pour qui la langue française est un enjeu de survie face au monde anglo-saxon qui le cerne. Au Québec, la langue est bien vivante, elle a su évoluer. On dit depuis longtemps "la docteure", "la professeure", "la ministre". Louise Beaudouin, qui a été longtemps déléguée générale du Québec en France (un peu l'équivalent d'une ambassadrice), a été horrifiée en arrivant à Paris de se voir désignée sur le Quai d'Orsay comme "Mme le délégué". Elle a tout de même été la première à obtenir que Laurent Fabius, en la décorant de la Légion d'honneur, lui dise : "Je vous nomme Chevalière..."

Moi, je ne l'ai pas obtenu de François Mitterrand ! Pourtant, "Chevalier", pour une femme, c'est ridicule !

Les canadiens français ont aussi choisi de remplacer "droits de l'Homme" par "droits de la Personne" ou "droits humains" sur le modèle du human rights américain qu'imposa autrefois Eleanor Roosevelt. En France, on s'accroche à cette expression ambiguë "droits de l'Homme" qui vient de la Révolution française qui, précisément, écartait les femmes de la citoyenneté ! Tout se tient !

Mais il me semble que e courant est en train de s'inverser grâce à l'Europe francophone. Déjà, en février 1990 le conseil de l'Europe publiait une circulaire "sur l'élimination du sexisme dans le langage", recommandant à tous les Etats membres "d'adapter le vocabulaire à l'autonomie des deux sexes, le prinicipe de base devant être que les activités de l'un et de l'autre soient visibles au même titre".

Ce n'était pas un brûlot féministe, on ne peut soupçonner le Conseil de l'Europe d'être un repaire de pétroleuses...Pourtant, les Français continuèrent à refuser toute évolution. La presse passa sous silence cette circulaire qui rappelait une fois de plus "l'interaction qui existe entre les mots et les comportements", et notait que "l'utilisation du genre masculin pour désigner les personnes des deux sexes est génératrice d'incertitudes parfois gênantes".

Au même moment le Grand Conseil Suisse arguant que le refus "de féminiser" occultait l'existence des femmes qui sont la moitié de l'humanité, décidait de moderniser par décret la rédaction de tous ses textes officiels.

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Juliette