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Chapitre VII
CHER PAUL
tables de cuisine, car personne ne se souciait d'aborder un sujet aussi dérangeant et...indécent !
Il est inexact de dire que les journalistes et les anthropologues étaient indifférents. C'est pire : ils étaient méfiants. S'ils se défendaient de toute compassion, de toute dénonciation de cette coutume, c'est que partout les hommes ont eu peur de toucher au rapport Homme/Femme. Là-bas, sous prétexte de respecter les coutumes; ici, parce qu'eux-mêmes n'ont pas réglé leur contentieux avec les femmes. Beaucoup de faits scandaleux sont ainsi restés ignorés, grâce à une immense conspiration du silence. On pense au viol, si longtemps nié où dont on rejetait la responsabilité sur la victime; à l'inceste, aux femmes battues, à la pédophilie,etc. "Le silence est la forme la plus civilisée du génocide", écrivait Régis Debray dans Lle Pouvoir intellectuel en France.
La découverte de cette pratique inimaginable dans mes pires cauchemars, m'a traumatisée à vie servi d'électrochoc. En 15jours, je suis passée de l'état de femme occidentale résignée à l'inégalité des sexes qui semblait une vérité universelle, vivant en bonne intelligence avec le Premier sexe, de dame bien élevée, fréquentable, qui acceptait en souriant les plaisanteries éculées des machos et se laissaint traiter "d'ovarienne cauchemardesque et de syndicaliste de la ménopause" par de vieux prostatiques qui siégaient souvent à l'Académie Française et écrivaient dans les meilleurs journaux de droite et de gauche...je suis passée du sous-développement savamment organisé par nos seigneurs et maîtres à une révolte qui n'allaist que croître et s'amplifier dans le grand déballage de mai 68 et qui, du moins dans le cheptel féminin des pays dit développés, allait faire de nombreuses victimes...
Comment avais-je pu subir pendant cinquante ans une discrimination aussi révoltante ? Pourquoi n'osions-nous pas proclamer que le féminisme était un humanisme qui délivrait enfin l'autre moitié de l'humanité de son escalavage millénaire ?
Lou.Guitet