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CHAPITRE VIII VII
CHER PAUL



néanmoins dorénavant affronter ensemble...
Le premier baiser qui a entraîné tous les autres,
c'est en mer que nous l'avons échangé sans l'avoir pré-
médté : En fait, c'est la mer que nous embrassions sur la bouche
de l'autre. Il faisait magnifiquement mauvais ce jour là et la
pluie glissait sur nos visages, mêlée de cette écume salée
qui lui donnait sa belle amertume et il n'y avait vrai-
ment rien d'autre à faire que de la boire sur nos lèvres,
tout en gardant un oeil sur l'océan,qui n'attend jamais
qu'une distraction pour vous engloutir.

En rentrant à terre ce soir-là, je croyais bêtement
avoir franchi une étape vers son intimité, mais Paul ne
semblait tirer aucune conséquence de ce baiser et j'ai très
vite compris qu'avec lui les codes habituels de conduite
n'avaient pas cours.

Notre baiser ? quel baiser ?

ll n'y en eut pas d'autre cet été-là. Mais à notre
retour à Paris, comme je vivais seule et que nous habitions
la même rue Chavez, Paul venait souvent prit l'habitude de passer un
moment, à la maison, pour m'emprunter un livre, m'emmener au cinéma, me
lire un poème. Les semaines passaient s'écoulaient et il continuait
à glisser louvoyer nonchalamment de ma compagnie à celle de sa
femme sans le moindre signe de regret ou d'impatience,
sans que jamais je ne sache où était ma place et où
commençait la sienne à elle.


D'une manière aussi imprévue que notre baiser en
mer, un soir, un soir comme les autres, nous sommes rentrés
à pied de l'ORTF où il animait chaque jour la Tribune
de Paris, une émission politique, et il est monté prendre un
verre chez moi. Au moment où j'allais le raccompagner
à la porte je me suis figée sur place: Paul était resté au
milieu du salon et retirait nonchalamment sa chemise et
son pantalon, avant d'entrer dans mon lit au fond
de l'alcôve comme si c'était le sien, sans un mot

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