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Chapitre VII
CHER PAUL
inavouables, alors qu'eux passaient si superbement
de l'enfance à l'âge d'homme sans subir cette
ordalie humiliante.

Comment aborder dans ces conditions les
premières relations avec l'autre sexe ? Comment
impliquer nos organes si décriés dans un échange
confiant ? et détendu ? Comment se faire pardonner
d'être une femme, en somme ?

J'aivais essayé plusieurs méthodes. Devant
les élans passionnés de mon premier amour, je m'étais
efforcée d'être conforme à ses attentes. Il n'avait que
22 ans mais il faisait Médecine ce qui m'impression-
nait, alors que j'en étais toujours au degré zéro de
ma connaissance de mon propre corps. Personne ne
m'avait jamais parlé de clitoris bien que sa fréquen-
tation m'eut valu vers mes 10 ans d'être enfermée
chaque nuit dans une chemise de finette coulissée et
nouée aux pieds qu'on achetait, je m'en souviens, au
Rayon Fillettes du Bon Marché, qui était dans les
années trente un magasin très fréquenté par les
Communautés religieuses du quartier. Quant au mot
Cunnilingus dont je devinais le sens - j'étais professeur
de latin après tout - ses consonnances barbares rendaient
la chose impensable. Je m'y prêtais parfois, comme
on monte à l'échafaud.

Pierre bientôt malade, il n'était plus question de
faire la difficile et son ardeur, exacerbée par l'approche
de sa fin, qu'il pressentait surement, créait entre nous un
climat si intense qu'il nous transportait hors de nous-
mêmes. Il ne s'agissait plus de plaisir mais d'un défi à la mort

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