Paul a refusé de me rendre compte de la
conversation qui s'en est suivie. Je brûlais pourtant
de savoir quelle ligne de défense avait bien pu adoptéer cet
homme qui ne se laissait jamais désarçonner.
Il m'a seulement rendu la petite c?? de perle fine nacre et j'ai
fait réenfiler mon collier sans à l'identique,. sans
noeud entre les perles. sans noeud entre les perles, malgré le risque.

Car cette petite perle, cher parrain, c'est sans doute
à elle que je dois d'avoir réussi à épouser Paul en
fin de compte, quitte à me conduire très mal. Mais que,
signifie "très mal" face à la certitude d'avoir rencontré
un homme qui comblait tous mes sens, y compris le
sixième, y compris le sens de ma vie et, sans qu'il le
sache, face à l'engagement de devenir quoi qu'il arrive
son ancre de miséricorde, dont il aurait besoin un
jour, lui qui ne se souciait même pas de jeter un
grappin en cas de mauvais temps et se contentait
de flotter élégamment au gré des vents.

Il me restait seulement l'Himalaya à
franchir : séduire Paul au point de le décider à
divorcer, puis une fois divorcé, l'amener au
remariage. Il ne voyait pas le rapport.

Ensuite, Paul épousé, j'ai eu envie d'avoir
un enfant de lui. Là non plus il ne voyait pas le
rapport. Pourtant il avait perdu un an plus tôt son
petit garçon de 2 ans et je trouvais indécent de lui
apporter dans ma corbeille de noces deux enfants
tout petits qui n'étaient pas de lui et qu'il lui
faudrait aimer et élever. Il n'évoquait jamais la
mort de Gilles. Paul ne parlait pas volontiers de ses senti-
ments. Mais j'imaginais qu'un nouveau garçon adoucirait un
peu sa peine.