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Chapitre VII
CHER PAUL

et je contemplais le beau front de Paul et ses
boucles de pâtre grec que l'humidité du climat
breton embelissait encore me demandant ce qui
se tramait derrière ce front frantique. Regrettait-il
de s'être embarqué avec une femme qui ne lui per-
mettait plus d'être tout à fait lui-même ? N'était-il
pas plus tranquille avec l'ancienne finalement ? Il
avait horreur d'être compris, étudié, disséqué... Tout
en buvant à notre amour, je savais que je faisai mon
deuil d'un certain amour.

Quand nous célébrerion nos 3 ans de vie commune,
je n'oserais plus rien demander il ne me dirait plus
rien et
je n'oserais plus rien demander
, sachant que la
Nature avait repris le dessus. Paul serait plus heureux
sans doute, peut-être même m'aimerait-il davantage du
fait qu'il ne trahirait plus le jeune homme qu'il avait été ?

Aucun des deux n'avait pris l'autre en traître:
nous étions pleinement d'accord sur le pacte de tout mariage
honorable selon nous. Ne pas éteindre à jamais les feux
follets de l'aventure, ne pas dire adieu à l'improbable,
ne pas rabattre le couvercle sur sa jeunesse et le rideau
de fer sur ses espérances. Demander l'impossible,
en somme _ mais pourquoi pas ? Ca a été dur à vivre
par moments, pour l'un ou pour l'autre. nous avons
"dégusté" tous les deux, chacun à sa façon. Mais je n'ai
jamais cessé de penser que c'était ça, vivre.

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Contributeurs (1)
Eve Dellarovere