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Chapitre VIII
Cher Paul

obligée à écrire : d'abord un journal quotidien, qui me servira dix ans plus tard pour mon roman, la Part des choses, et surtout, je me suis attaquée à la traduction des nouvelles américaines de Dorothy Parker, pour les éditions Denoël.

Mais à ma grande honte stupéfaction des années plus tard en feuilletant ce livre quand il a été adapté pour le théâtre par Andréas Voûtsinas, j'ai vu qu'il était signé Benoîte Guimard ! En 1960, ni Paul ni moi n'avions trouvé anormal que j'entre en littérature sous le nom de mon mari !

Née Groult en 1920, je m'appelais Heuyer à vingt-cinq ans, de Caunes à vingt-six, et Guimard à trente ! Et à quarante ans, je naviguais encore sous pavillon conjugal ! C'est en 1959, au retour de notre tour du monde que Paul m'a proposé d'écrire une chronique quotidienne avec lui. Nous fréquentions un milieu passionant, gens de cinéma, journalistes, écrivains et, comme j'avais toute ma vie tenu un journal, je n'ai pas eu d'affort à faire. Mais Et puis au bout de quelques mois, Paul m'a avoué qu'il ne se sentait pas du tout la plume d'un chroniqueur et qu'il avait choisi cette méthode pour "m'amorcer", en quelque sorte. Par une heureuse coïncidence, Flora a déménagé au même moment, et nous avons retrouvé dans ds es malles d'osier des dizaines de carnets de moleskine noire à tranche rouge avec un élastique, modèles courants à l'époque, où nous avions consigné chaque soirnotre vie quotidienne sous l'Occupation et les rêves de deux petites jeunes filles rangées entre 1939 et 1945.

Avec vingt ans de recul et dans ce contexte historique, ces vies entrecroisées prenaient un relief et charme inattendus. C'est pour nous faire plaisir à nous d'abord que nous avons former le projet d'en tirer un livre. Flora non plus n'avait jamias songé à publier ce qu'elle écrivait. Depuis son retour en France avec son mari, qui travaillait à dirigeait la succursale parisienne de la banque Barclays, elle secondait notre mère à la maison de couture, faubourg Saint-Honoré... Ce genre de travail dans l'entreprise familiale qui n'apporte ni salaire, ni retraite, ni même considéra-

tion et qui s'apparente davantage au dévouement filial qu'à un vrai métier.
C'était métier fréquent à l'époque pour les filles

Ce genre de travail généralement réservé aux filles.

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Depuis son retour en France avec son mari, qui dirigeait la succursale parisienne de la Barclays Bank, elle secondait notre mère à la Maison de Couture, faubourg St Honoré... ce genre de travail dans l'entreprise familiale qui n'apporte ni salaire, ni retraite, ni même considération... "Elle aide sa mère" disait-on, comme si cela ne constituait ni un métier ni même un travail et s'apparentait au dévouement filial, réservé aux filles, bien entendu.
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PierreB