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1-exemplaire raté par l'imprimanteRosie GROULT

chapitre 1

Rosie Groult

La plupart des écrivains aujourd'hui, hommes ou femmes, en reviennent sans cesse à

leur enfance comme à une caverne d'Ali Baba, qui peut se

révéler, selon les cas, pleine de trésors ou d'horreurs, d'attendrissements ou 

inexpiablesde rancunes inexplicables. En tout cas ils prétendent y 

trouver des raisons de leur réussite et surtout de leur échecs, analysant

deleatur    interminablement les phrases de papa ou de maman,

instruisant sans cesse le procès de leurs géniteurs, de leur laxisme ou de

leur autoritarisme, s'interrogeant même sur la façon dont

ils ont fait l'amour le jour où ils ont conçu leur enfant; et dénonçant avec la

même amertume le désintrêt parental pour la

passionante promesse qu'ils constituaient ou bien leur intolérable exigence

de résultat pour leur enfant. Personnellement, sauf talent

exceptionnel du scripteur, les enfances m'ennuient et les actes d'accusation

dressés contre les parents, qu'ils soient biologiques ou

adoptifs, présents ou enfuis, aimants ou indifférents, commencent à

m'écoeurer. Je me suis avisée que ce qui est si reposant chez

les Anciens, comme chez les Classiques ou les Romantiques, c'est qu'ils

nous ont fait grâce de leur enfance. Corneille fut-il un enfant

battu ? Est-ce que Platon se masturbait à dix ans ? Musset a-t-il beaucoup

pleuré parce que sa mère ne venait pas l'embrasser le

soir dans son lit?Ce ne serait sans doute pas inintéréssant de le savoir et

c'est indispensable pour les psychanalystes face à des 

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