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Rosie Groult


patients qui souffrent de leur enfance comme d'une plaie qui ne veut pas se
refermer. Autrefois on se passait très bien d'enfance.
Elle n'occupait pas la place primordiale dans une existence. Elle n'occupera
pas non plus une place primordiale dans ce livre. Car je
n'ai aucun procès à instruire, aucune rancune à assouvir, aucune excuse à
invoquer pour expliquer que je n'aie pas été une
surdouée ou un de ces cancres magnifiques que tant d'écrivains se vantent
d'avoir été. L'éducation qu'on me donnait en revanche, 
les personnes qui me la dispensaient jettent un éclairage indispensable pour
comprendre comment je suis devenue cette
adolescente timorée et incapable d'exploiter ses dons, alors que tant de fées
s'étaient penchées sur mon berceau. Déja comme
enfant, je me déçois. Mes parents, espérant sans doute un Benoît, m'avait
déclarée Benoîte à l'état civil, mais ce prénom se révélant
rugueux sans doute pour un bon gros bébé placide, ils préférèrent mon
deuxième prénom Rosie. Aucun des deux ne m'a jamais 
appelée Benoîte. J'étais une petite fille conventionnelle, timide, obéissante et
bonne élève, beaucoup plus proche de Camille et
Madeleine de Fleurville, deux petites filles modèles sans idées, que de
l'insolente Sophie de la Comtesse de Ségur. Mes parents en
tant que parents étaient beaucoup mieux que moi en tant qu' enfant.
D'excellents parents qui n'ont eu comme défaut que de rester
eux-mêmes avec leur forte personnalité, qu'ils n'ont jamais sacrifiée sous
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NoémieC NoémieClairo