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J'étais une gentille petite fille avec de très grands yeux bleus un peu fixes, une frange de cheveux châtains bien raides et une
bouche trop charnue pour l'époque et que je portais souvent ouverte, ce qui me donnait un air débile qui désolait ma mère. Comme
elle n'était pas femme à se désoler mais à agir, afin de me rappeler de mimer cette bouche en coeur qui était à la mode pour les
filles dans les années 30, elle me soufflait en public, dans un chuchotement que je jugeais tonitruant : << Pomme, Prune, Pouce! >>

Je ne lui ai jamais répondu << Zut! >>. Je devais bien être débile quelque part... Docile je rassemblais mes deux lèvres pour
qu'elles ressemble  </s /nt>à celles de ma soeur qui étaient parfaites. Comme tout le reste de son être au yeux de ma mère. Ah ! se dit le
psy, l'air connu de la jalousie!

Eh bien non, même pas. J'aimais ma petite soeur, de quatre ans ma cadette et, en tout cas, je ne l'ai jamais haïe. Je l'ai à peine
torturée, de bonnes grosses brimades bien innocentes. Après tout, je n'avais jamais prétendu adorer ma mère comme elle. Il est
donc nomal que maman préférât le genre de beauté de et
l'attachement passionné qu'elle lui vouait et qui ne s'est d'ailleurs
jamais démenti.

Encore aujourd'hui, vingt ans après la mort de notre mère, me dit parfois : << J'ai vu maman cette nuit en rêve. Elle allait
bien.>>

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elolefengel