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Moi, je rêve rarement d'elle. Sans doute parce que je me suis mise à lui ressembler.


Grâce à Pomme-Prune-Pouce, je n'ai pas la bouche qui pend. Et je n'ai pas le dos trop rond, malgré mon âge et mon métier, grâce à la chaise de torture qu'elle m'avait commandé dans un magasin d'accessoires pour handicapés : un siège de bois massif lourd et raide comme la justice, comportant, au centre de l'assisse une haute planche de la largeur de mon dos qui m'obligeait à m'asseoir très doire, presque au bord, et qui comportait deux brassières en sangle où je devais enfiler mes bras, ce que me donnait le maintient d'Eric von Stroheim. Mes coudes étaient si bien tirés en arrière que je parvenais tout juste à porter ma fourchette à la bouche.1 1

Mâche, Rose, mâce ! Regarde, André, elle fait semblant d'avaler mais elle empile tout dans ses joues comme un hamster.


Rosie n'a jamais eu l'idée de recracher... elle était sûrement débile quelque part.

/e

Comme je chipotais, par bonheur on appelait pas encore anorexie ces manifestations puériles d'opposition, on compensit par du Bemax fait de germes de blé, de la Gaduass, huile de fois de morue prétendûment désodoriée (mais les morues qui batifolaient sur l'emballage suffisaient à lever le coeur); de la Phytine Ciba pour le squelette et du sirop de pommes de rainette pour les bronches.


1 Avec 50 ans d'avance, ma mère utilisait ces sièges ergonomiques qu'on trouve aujourd'hui dans les hôpitaux.
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Marine