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Rosie GROULT

même de commencer à jouer. Que j'étais piégée, ligotée dans un implacable
réseau de lois, d’interdits, de traditions religieuses, d’injonctions morales,
dont il serait difficile, douloureux et peut-être dangereux de me délivrer.

Et qu'il faudrait cent fois recommencer l’ouvrage, et que chaque femme
devrait se mettre au monde elle-même, sans prêter l'oreille aux discours
lénifiants et démobilisateurs, à la langue de bois des hommes et de tant de
femmes qui composent leurs troupes d'appoint, annonçant après chaque
soubresaut, après chaque saut de puce sur la voie de la liberté, que le
féminisme n'avait plus de raison d’être puisque l’égalité était enfin reconnue.

Le seul avantage de l’inconscience, c'est qu’elle permet de vivre à peu
près n'importe quoi sans trop de dégâts. Certains événements de ma vie de
jeune femme qui m'apparaissaient rétrospectivement comme odieux ou
intolérables, je les ai finalement vécus à contrecœur souvent, mais sans
drame majeur ni révolte, ni vraie souffrance.

Si curieux que cela paraisse dans cet environnement apparemment
moderne, j'étais restée une jeune fille du XIXème siècle. Dans bien des
domaines, le XXème siècle n’a vraiment commencé qu'après-guerre.

C'est petit à petit, à coup de parties perdues, d'erreurs gaiement
assumées, de renoncements de moins en moins bien tolérés, que j'ai émergé
de la gangue des conventions pour devenir quelqu'un que je n'imaginais
même pas.
de tout à fait imprévu avec qui je peux enfin vivre
"en bonne" intelligence selon une admirable formule.


Mais qui n'allait plus jamais me quitter.


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