PROLOGUE
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la réussite. De même, un livre qui s'avoue féministe n'est
jamais considéré comme un livre normal qui
pourrait, qui devrait intéresser les lecteurs des
deux sexes. On le considère comme une sorte de classe plutôt parmi les
missel réservé à des dévots bizarres, obscurs un ouvrage de patronage en somme. On Quelques
unes le feuillette parfois. On ne prend pas Rares sont celles qui prennent la peine de le lire jusqu'au bout. Et 90% des hommes, selon mon expérience
personnelle, ne le liront jamais. Qu'un livre
féministe puisse, comme tous les autres, être bon
ou mauvais, bien ou mal écrit, brillant ou
mortellement ennuyeux, ne les effleure même pas.
C'est forcément chiant, par définition. Encore (le mot reflète exactement leur pensée rudimentaire)
heureux que les maris ne parviennent plus à en
persuader leurs épouses, dans l'espoir de les
préserver du virus... qui fait poursuit son chemin, heureusement en
douce, malgré eux.

Pour moi (> En ce qui me concerne), toutes nos conquêtes sont trop
récentes dans ma vie - certaines même sont
arrivées trop tard pour que j'en aie profiteé de mon
vivant, si j'ose dire - trop récentes pour me permettre d'oub
d'oublier que notre guerre d'indépendance n'est pas
encore gagnée. D'autant que pour des centaines de
milliers de nos semblables sur d'autres continents
elle est à peine commencée, ce qui nous per-
met de mesurer ce que chaque droit, chaque
nouvelle liberté représente de précieux, d'es
sentiel mais de fragile et de précaire aussi.