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V ① 86


pas entendu rentrer, qui dormait tranquillement dans son lit de voyage,
et je m'approchai lentement de la fenêtre pour aller écarter le rideau
de la main. J'étais là debout à la fenêtre de ma chambre, et je regardais
la route qui s'éloignait dans la nuit vers la maison des Biaggi., et je
songeais maintenant que,
 sS'il y avait eu un téléphone dans la chambre, j'aurais pu
composer le numéro de téléphone des Biaggi maintenant. , me disais je. La sonnerie aurait
retenti là-bas dans le salon désert de la villa, et, après quelques secondes,
le répondeur se serait mis en marche et j'aurais entendu la voix de Biaggi dans l'écouteur,
sa voix toute proche et familière qui se serait fait entendre  contre mon oreille dans le noir contre mon oreille.. Vous êtes bien au quatre-vingt quinze, trente
et un, trente-quatre, quarante-trois. Nous sommes absents pour le moment.
Vous pouvez nous laisser un message après le le — et j'aurais raccroché, je n'aurais pas
laissé de message.



Je dormis mal cette nuit-là. Toute la nuit, le long faisceau lumineux
du phare de l'île de Sasuelo tourna dans mon sommeil. Il tournait devant
moi avec une régularité lancinante, balayant la surface de la nuit pour
s'éloigner et réapparaître aussitôt devant mes yeux sans me laisser de répit.
C'était toujours le même cône fulgurant de lumière qui surgissait dans
mon sommeil et grandissait à pleine vitesse dans le noir pour venir m'aveu-
gler brutalement, et j'attendais alors avec effroi le prochain passage
de la lumière        , ne voyant plus devant moi que mon propre regard
affolé qui affleurait lentement à la surface de mon sommeil, mes yeux à l'affût
dans la pénombre dont les pupilles s'élargissaient et se retrécissaient sans
cesse à chaque passage de la lumière du phare, mes yeux fixes devant moi,
démunis et inquiets, écarquillés dans la nuit.

Contributeurs (2)
Julie S brigittefc