dans sa purée de sole pour la faire refroidir, c'était bien la peine de l'avoir fait réchauffer. Un peu de fumée s'élevait de l'assiette en plastique
dans laquelle nageait ce qui avait peut-être été un jour une sole, et qui
consistait maintenant en une bouillie grumeleuse et flasque agrémentée
d'un jus laiteux. Je goûtai encore une fois une cuillerée de ce mélange
audacieux, pâteux et mou, d'une fadeur irréprochable, et, sans pour autant
le trouver à mon goût, il me parut suffisamment tiède, d'une tiédeur idéale,
pour que je puisse en tendre une cuillerée à
sagement sur le lit, le bavoir autour du cou et la bouche déjà grande ouverte
à toutes fins utiles. C'est bon ? lui dis-je, comme je lui tendais déjà la
troisième ou quatrième cuillerée, car
qui laissait pantois , et cela depuis tout petit, si je puis dire, silencieux
et concentré, ouvrant déjà la bouche toute grande alors qu'il avait à peine
avalé la bouchée précédente. Lorsqu'il eut fini toute la purée, je raclai
consciencieusement le fond de l'assiette pour lui composer une dernière
cuillerée,, la mis à sécher sur
le radiateur.j'allai er car j'avais décidé de faire
la sieste.
j'avais fermé les rideaux
Je m'étais couché les yeux ouverts dans la pénombre
dormir. dès
que je l'avais recouché , et j'apercevais son petit corps recroquevillé sur
le matelas à travers la fine paroi ajourée de son lit. Je n'entendais aucun
bruit dehors, et, chaque fois que je fermais les yeux maintenant, je revoyais
de façon obsessionnelle l'image du cadavre
dressées à la verticale hors de l'eau et ses moustaches translucides, le corps
renversé dans l'eau grise qui flottait lourdement à la surface, et bientôt
c'est une autre image angoissante que j'avais déjà vue qui m'apparut insensi-
blement, l'image du visage de
de
immobile et les bras écartés, vêtu d'un caban et d'un pantalon en toile qui