vaisseau. Comme on le voit, le débat rampait au niveau des plaisanteries
de potaches et bien loin des questions grammaticales.
Nous avions pourtant pour alliés les linguistes les plus éminents du
siècle : en 1922, déjà, Ferdinand Brunot déplorait "l'affreux Mme LE qui
gâte tant de nos textes".
"Quand on aura persuadé les femmes que le féminin n'est pas une
déchéance, écrivait Albert Dauzat, dans le Guide des bons usages en 1955,
le terrain sera libéré d'une lourde hypothèque. La femme qui préfère pour
le nom de sa profession le masculin au féminin, accuse par là même un
complexe d'infériorité qui trahit ses revendications légitimes. Dérober son
sexe derrière le genre adverse, c'est le trahir." Tout était dit ; et pourtant
il faudra le redire 50 ans plus tard.
On peut remarquer que châtelaine et souveraine sont usuels mais
qu'ÉCRIVAINE fait toujours sourire !!
Pourtant, il y a 11 ans déjà le Conseil de l'Europe publiait une
CIRCULAIRE pour l'ÉLIMINATION DU SEXISME dans le langage,
recommandant à tous ses États membres d'"adapter le vocabulaire à
l'autonomie des 2 sexes afin que les activités de l'un et de l'autre soient
visibles. L'utilisation unique du masculin pour les personnes des 2 sexes estgénératrice d'incertitudes et influe sur les comportements."
La presse française a passé sous silence cette circulaire alors que la
Belgique francophone faisait voter un décret féminisant les noms de grades
et de métiers dans tous les documents administratifs, au motif que "lalangue constituait un instrument de pouvoir sexiste qui empêchait les
Benoîte GROULT